Pour qui résonne le métal

Les malheureux Canucks voient leurs rêves de coupe anéantis

par Iain MacIntyre; traduit de l'anglais par Marie-Catherine Gagné.

Mis en ligne le 1 janvier 2017

Si vous googlez Nathan LaFayette sur Internet, vous obtiendrez, entre autres suggestions, une référence au tir du joueur qui s’écrase sur un poteau de but. Le 14 juin 1994, le mot « poteau » et le nom Lafayette deviennent indissociables.

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Il est difficile de trouver un moment qui synthétiserait la quête infructueuse, longue de quarante-six années et plus, des Canucks de Vancouver pour la Coupe Stanley, mais le tir à bout portant de LaFayette qui a fait résonner le métal dans la septième partie de la finale contre les Rangers de New York est un bon choix. Pour une franchise, encore de nos jours reconnue pour ses échecs malgré plusieurs périodes d’excellence au cours des vingt-six dernières ann^ées, les Canucks ont réussi à accumuler quelques belles victoires.

La sixième partie contre les Rangers en 1994 — remportée 4 à 1 par les Canucks trois jours avant la défaite de 2 à 3 à Manhattan dans la série finale — est considérée par beaucoup de partisans des Canucks comme la plus grande partie qui a été jouée à Vancouver — du moins depuis 1915, année où les Millionaires de Vancouver remportèrent la Coupe.

Dans le parcours des Canucks vers la finale de 2011, alors que l’équipe est à ce moment la meilleure équipe de la Ligue nationale de hockey jusqu’à ce qu’elle échoue à deux reprises de gagner une partie contre les Bruins de Boston pour la Coupe Stanley, Vancouver a survécu à la première ronde en vainquant les Blackhawks de Chicago grâce au but spectaculaire d’Alex Burrows durant la période supplémentaire de la septième partie.

Il y a aussi le sensationnel but gagnant de Pavel Bure au cours de la supplémentaire de la septième partie en première ronde de 1994 qui a couronné une salutaire remontée contre les Flames de Calgary et contribué à donner une nouvelle image à une franchise qui jusqu’alors et pour l’essentiel se résumait à une ligne d'attaque.

Pourtant, pour un club qui affiche un dossier de 0-3 dans les finales, la plus grande partie dans l’histoire de la franchise devrait être à juste titre une défaite. Et puisque l’improbable parcours dans les séries éliminatoires de 1982 d’une équipe des Canucks moyenne n’a été en réalitEé qu’un heureux coup du hasard, et que l’effondrement de 2011 n’a rien eu de noble, tout ce qui nous reste est cette mémorable finale de 1994 contre les Rangers.

Personne à Vancouver ne peut penser à cela sans se rappeler, non sans quelque effroi après toutes ces années, le fatal tir sur réception de LaFayette alors qu’il ne reste que six minutes dans la partie, la septième, et que les Canucks sont menés par un but. Trevor Linden, le plus grand joueur des Canucks, qui offrira une de ses plus belles prestations ce soir-là, se souvient de l’escouade de policiers qui ont escorté l’équipe jusqu’au Madison Square Garden. Quant à nous, nous nous souvenons de la chaleur et de l’humidité suffocantes de cette journée-là et de l’incroyable tension qui règne à l’intérieur de l’aréna parce que les New-yorkais craignent que les Canucks privent les Rangers de leur première Coupe Stanley depuis cinquante-quatre ans.

Non seulement ce match met-il un terme à une finale enlevée de la Coupe Stanley, il marque aussi la fin d’une époque pour la LNH alors que durant la décennie qui suivra, le hockey n’offrira qu’un style de jeu qui privilégie le marquage en zone neutre et la défensive. Dans la finale de 1994, le jeu a été excitant et axé sur l’attaque.

Dans la septième partie, les Rangers prennent à deux reprises deux buts d’avance, mais chaque fois Linden compte et réduit l’écart à un but. Les gens oublient que Murray Craven a failli égaler le score en faisant dévier un tir, tard dans la partie, et que Marty Gelinas aurait pu porter le score à 3-3 si son tir ne s’était pas arrêté sur l’extérieur du but après avoir déjoué le gardien Mike Richter des Rangers. Les gens oublient parce que, quelques minutes plus tard, LaFayette a projeté la rondelle sur le poteau à la gauche de Richter après une magnifique passe de Geoff Courtnall.

Ce manqué de peu a marqué non seulement les Canucks de Vancouver, mais aussi le malheureux LaFayette, qui jeune recrue de vingt-un ans, était passé des Blues de St. Louis aux Canucks de Vancouver ce printemps-là par la voie d’un échange. Joueur rapide et dur à la tâche, mais au talent limité, LaFayette n’a joué que 187 parties dans la LNH. Il met fin à sa carrière en 2000 et décroche un poste dans la direction d’une compagnie d’assurance.

« Lorsque quelqu’un me montre du doigt, ça me laisse froid parce que j’ai aussi réussi de bons coups dans ces séries éliminatoires », LaFayette a déclaré plusieurs années plus tard à un journaliste du Globe and Mail qui lui avait demandé quel était son moment marquant. « C’est le sport professionnel. C’est ton rendement qui te définit aux yeux du public.»

Si le tir de LaFayette avait pénétré dans le but et si son équipe avait soulevé la Coupe Stanley ce soir-là, ce but aurait été le plus gros but de l’histoire de la franchise.

Au lieu de cela : bing! Le glas a sonné, comme toujours, pour les Canucks de Vancouver.

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Iain MacIntyre est billettiste pour le Vancouver Sun. Il couvre les activités des Canucks depuis 1991.

Cet article a été publié à l'origine dans le magazine Canada’s History, décembre 2016-janvier 2017.

Cet article est aussi offert en anglais.

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