Transcription textuelle de la vidéo Viola Desmond

Viola Desmond était propriétaire d’un salon d’esthétique à Halifax. Elle avait le début de la trentaine. Dans les années 1940, en Nouvelle-Écosse, la ségrégation n’était pas rigoureusement appliquée par les autorités, mais elle existait tout de même.

Il y avait des endroits où les Noirs savaient qu’ils n’étaient pas les bienvenus; en fait, pour que Viola puisse obtenir son diplôme d’esthéticienne, elle a dû fréquenter une école de Montréal car elle avait été refusée dans toutes les écoles de la Nouvelle-Écosse.

En 1946, elle devait faire un voyage hors d’Halifax pour affaires et sa voiture est tombée en panne dans une petite ville appelée New Glasgow. Comme sa voiture ne serait prête que lendemain, elle a décidé d’aller au cinéma. Mais ce qu’elle ne savait pas, c’est que dans cette petite ville, les Noirs étaient confinés au balcon.

Elle acheta un billet pour le balcon, sans le savoir, et s’installa dans la section régulière du cinéma, ne connaissant pas le règlement local. Lorsque la direction de l’établissement lui demanda de s’installer au balcon, elle fut choquée, et avec raison!

Elle refusa de quitter sa place, à l’instar de Rosa Parks qui devint célèbre quelques années plus tard, aux États-Unis, pour avoir refusé de céder son siège à un Blanc dans un autobus. Viola avait décidé qu’elle en avait assez de cette discrimination et refusa de bouger, se jugeant dans son bon droit. Elle finit par être arrêtée et amenée au poste de police, où elle fut emprisonnée jusqu’au lendemain.

Les accusations portées contre elle semblent impensables aujourd’hui : en effet, on l’accusa d’avoir évité de payer la taxe d’un cent qui distinguait les places au balcon et les places régulières dans ce cinéma. Évidemment, il s’agissait d’une fausse accusation, tout à fait arbitraire.

Elle comparût le lendemain et fut accusée, mais cette affaire devint une véritable cause : la communauté noire de la Nouvelle-Écosse en avait assez! L’affaire était en effet un moyen de combattre les lois Jim Crow qui existaient encore en Nouvelle-Écosse, et ailleurs au Canada, à l’époque.

Partout au pays, notamment dans le Saturday Night Magazine et le Globe and Mail, son cas attira l’attention sur ces vestiges de ségrégation raciale au Canada. Viola Desmond ne s’était pas destinée à défendre l’égalité des droits ou de se faire justicière contre le racisme ou la ségrégation, mais son cas illustre ce combat et c’est pourquoi elle mérite d’être honorée aujourd’hui.

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