L’Îlot des Palais : un haut lieu de la Nouvelle-France et de l’histoire industrielle de Québec
À deux pas de la Gare du Palais et de la Côte du Palais, à Québec, se trouve un musée trop peu connu qui est pourtant l’un des plus importants témoins de l’histoire de la colonisation française en Amérique. Ce musée, aujourd’hui connu sous le nom de l’Îlot des Palais, a été érigé sur un site archéologique de première importance qui, entre 1982 et 2016, a fait l’objet de 25 chantiers-écoles et de deux campagnes de fouilles intensives.
Au total, ce sont plus de 500 000 artéfacts et écofacts qui ont été mis au jour et permettent de comprendre l’histoire du site, ses transformations et la manière dont il témoigne des changements sociaux, économiques, politiques et culturels qui ont marqué le Québec. Cet article propose d’explorer l’histoire de l’Îlot des Palais en mettant en lumière les différentes époques qui ont marqué ce site, les fonctions qu’il a remplies et les découvertes archéologiques qui y ont été faites.
Loup-William Théberge, 2022.
Niché dans des voûtes du XVIIIe siècle, l’Îlot des Palais constitue un véritable trésor caché dans le Vieux-Québec.
Les débuts du site
L’histoire des lieux est loin de commencer avec l’arrivée des Européens. Les fouilles archéologiques effectuées sur place ont révélé que le site est fréquenté depuis au moins le XIIe siècle par les Premières Nations. Ces dernières ne semblent toutefois pas s’être établies durablement sur les lieux. Il faut dire que la bande de terre entre la falaise et la rivière Saint-Charles est à l’époque beaucoup plus étroite qu’elle ne l’est aujourd’hui. On y retrouve différentes espèces d’arbres (thuyas, sapins baumiers, bouleaux, aulnes, etc.) et un espace marécageux. L’endroit sert donc de halte occasionnelle si on en croit les restes d’outils de pierre taillés qui ont été trouvés sur le site.
Il faut attendre le milieu du XVIIe siècle pour que le site se développe plus amplement à la suite de la fondation de Québec. Las de voir le développement de sa colonie stagner, Louis XIV en reprend la gestion en 1663 et y nomme un intendant qui aura pour mission d’en stimuler l’économie et d’en augmenter la population. Fort de cette mission, Jean Talon débarque dans la vallée laurentienne en 1665 avec la volonté de diversifier l’économie de la colonie qui reposait jusqu’alors principalement sur l’exportation de ressources naturelles (le poisson et la fourrure).
Il fait donc l’acquisition de ce site en 1668 avec l’intention d’y développer le potentiel industriel de la Nouvelle-France. L’endroit présente une localisation parfaite pour cette fin : en plus d’être en retrait du premier noyau de peuplement (près de Place-Royale et du Séminaire de Québec), sa localisation en bordure de la rivière Saint-Charles lui assure un approvisionnement en eau tout en facilitant le transport des matières premières et des produits finis. C’est donc là qu’il fonde la première brasserie industrielle d’Amérique du Nord en 1668. Son objectif? Produire 4 000 barriques de bière par année (approximativement 800 000 litres) pour réduire la dépendance des colons aux importations européennes de vin et d’eau-de-vie tout en stimulant l’économie locale.
Talon espère écouler 2 000 barriques auprès de la population de la Nouvelle-France et exporter le reste de la production vers les Antilles. Malheureusement, son entreprise met rapidement la clé sous la porte en 1675 puisque bon nombre de colons brassent leur propre bière et que l’exportation de cette boisson vers les colonies françaises des Caraïbes ne connaît pas le succès escompté puisqu’elles disposent d’un excellent rhum (ou de guildive comme on disait à l’époque) et que la bière se conserve beaucoup moins bien lors de transports sur de grandes distances avant l’invention de la pasteurisation.
Îlot des Palais.
Reconstitution hypothétique du premier palais de l’intendant effectuée à partir des résultats des fouilles archéologiques et de recherches en archives.
Parallèlement, Talon construit une fabrique de potasse sur le site en 1670 (d’où le nom de la côte longeant l’Îlot des Palais). Il souhaite ainsi récupérer les cendres de bois durs pour créer cette matière qui sert de base à des savons mous et qui est utilisée dans la fabrication du verre. Encore une fois, le projet ne fait pas long feu. Le marchand à qui avait été concédée l’exclusivité de la fabrication de cette matière en Nouvelle-France en 1671 ne remplit pas les attentes escomptées et quitte la colonie en 1674. La fabrique ferme donc ses portes en 1675.
Il en va de même du chantier maritime que Talon avait commencé à exploiter sur place avec le commerçant Charles Aubert de la Chesnaye en 1666 et qui cesse ses activités dès 1673. Au final, les projets de Talon n’auront pas fait long feu, mais auront permis la construction de plusieurs bâtiments sur le site qui seront récupérés par la suite. Ils auront également laissé une importante quantité d’artéfacts qui ont permis aux archéologues de retracer l’histoire du site 325 ans plus tard. Les vestiges retrouvés (structures des bâtiments, pavés de pierre, pièces de bois ouvrés, cendres, copeaux de bois et bien plus encore) montrent à quel point ce projet était ambitieux et organisé.
Le centre administratif de la Nouvelle-France
Une dizaine d’années après la fin des activités de la brasserie, l’État français se porte acquéreur du bâtiment pour en faire une résidence pour l’intendant. Entre 1686 et 1692, d’importantes modifications sont apportées à l’édifice pour lui donner plus de panache et lui permettre de devenir le siège du pouvoir administratif en Nouvelle-France. Le palais de l’intendant n’a en effet pas que pour fonction de servir de résidence à l’intendant et à sa famille lorsque celle-ci le suit de ce côté de l’Atlantique.
On y trouve la prévôté, une salle où siège le Conseil souverain, des cachots et des appartements pour le geôlier qui en assure la garde. C’est le centre névralgique de l’administration coloniale puisque l’intendant est responsable de la justice, du maintien de l’ordre public, de l’approvisionnement de la colonie, des finances publiques, du développement économique, de la lutte contre les incendies et d’une myriade d’autres fonctions.
C’est également à cet endroit qu’on érige les Magasins du Roi, d’imposants entrepôts administrés par l’État qui servent à stocker et distribuer des marchandises essentielles à la colonie, comme des vivres, des outils, des matériaux de construction, des armes et des uniformes pour les troupes. Ces entrepôts approvisionnent également les postes militaires et les établissements officiels, jouant un rôle clé dans l’organisation économique et logistique de la colonie. Bon nombre de personnes y œuvrent : serruriers, armuriers, canonniers, tonneliers, commis aux écritures et bien plus encore. Québec joue un rôle clé dans l’approvisionnement du reste de la colonie. Le palais de l’intendant et ses dépendances constituent donc une véritable fourmilière.
L’endroit est occupé jusqu’en 1713, date à laquelle un incendie ravage les lieux et en détruit les bâtiments. Si le feu a coûté la vie au valet et au secrétaire de l’intendant ainsi qu’à deux femmes de chambre de son épouse, il a permis de conserver une quantité impressionnante d’artéfacts destinés à l’approvisionnement des troupes et aux échanges commerciaux. Pensons entre autres à des pierres à fusil, des lames de couteau, des munitions et des pièces de fusils ainsi qu’à des médailles religieuses, des hameçons et des perles de verre. D’autres artéfacts témoignent du raffinement dans lequel vivaient l’intendant et ses proches : porcelaine de qualité, verrerie de table, bijoux, etc. Des restes végétaux attestent quant à eux de la qualité de la table de l’intendant. Si on en croit les trouvailles effectuées par les archéologues, on y trouvait des olives, des figues, des noisettes et bien d’autres produits d’importation.
Dès 1713, on entame la construction d’un second palais en face des ruines du premier. Désormais, la façade du bâtiment donnera sur une cour orientée vers la falaise plutôt que sur la rivière Saint-Charles. On en profite pour ériger un édifice plus imposant au toit mansardé auquel on ajoute des écuries, une basse-cour, de grands jardins et des allées pour offrir à l’intendant une demeure digne de son rang. On en profite pour construire de nouveaux Magasins du Roi là où se trouvait le premier palais.
Les travaux s’échelonnent sur six ans. Ils sont à peine terminés qu’un nouvel incendie ravage les lieux en 1725 et force les autorités à reconstruire un troisième palais sur les ruines du second. Le nouvel édifice reprend la forme du précédent, celle d’un luxueux hôtel particulier doté de trois avant-corps et d’un escalier à deux volées menant à une entrée monumentale. Les pièces s’y succèdent en enfilade (antichambre, chambre, cabinet) comme le veulent les préceptes architecturaux du XVIIIe siècle, chaque pièce étant plus richement décorée que la précédente à mesure qu’on s’avance dans le palais. Des latrines sont ajoutées à chacune des extrémités du bâtiment.
Les lieux conservent leur fonction administrative. Ils voient même naître les premières archives de la colonie. Désireux de doter la Nouvelle-France d’un bâtiment à l’épreuve du feu où seraient conservés les actes notariés ainsi que les registres du Conseil supérieur et de la Prévôté de Québec, l’intendant Gilles Hocquart adresse une requête au ministre de la Marine en ce sens en octobre 1731. Puisqu’il n’obtient pas les fonds demandés pour ériger un nouvel édifice, Hocquart se tourne vers les voûtes de son palais dans lesquelles il aménage deux dépôts où pourront être conservés les documents importants.
Qui dit nouveau régime dit nouvelle vocation
Au déclenchement de la Guerre de Sept Ans, le palais de l’intendant et ses dépendances jouent toujours un rôle crucial dans l’administration de la colonie. L’intendant François Bigot multiplie les ordonnances pour s’assurer que la Nouvelle-France dispose de suffisamment de vivres pour passer à travers le conflit. En 1759, face à l’avancée des troupes britanniques, les autorités françaises érigent des fortifications temporaires de part et d’autre de la rivière Saint-Charles afin de protéger le palais de l’intendant et les autres bâtiments en amont de l’embouchure.
Bien que l’endroit s’impose comme une cible de premier choix puisqu’on y trouve le siège de l’administration civile et les magasins du roi, il est épargné par les bombardements qui détruisent une grande partie de Québec à l’été 1759. Sa localisation, en retrait de la ville, derrière le cap, l’a protégé des tirs ennemis. Les magasins du roi n’ont pas autant de chance et sont accidentellement incendiés par les Britanniques au printemps 1760 alors qu’ils tentent de défendre la ville du chevalier de Lévis venu reprendre Québec.
Richard Short, Vue du Palais de l’intendant, 1761, Bibliothèque et Archives Canada, 1989-283-3.
Le troisième palais de l’intendant était doté d’une vaste cour intérieure et de jardins qu’on aperçoit au fond de cette gravure, derrière une clôture blanche.
S’il faut attendre septembre 1760 pour que l’intendant et sa suite quittent la Nouvelle-France à la suite de la capitulation de la colonie, dès 1759, son palais est transformé en caserne militaire. Il faut dire que les Britanniques se sont retrouvés face à d’importants défis logistiques lorsqu’ils ont pris possession de Québec. Bon nombre de bâtiments ne sont plus en mesure de loger qui que ce soit en raison des importants dommages qu’ils ont subis au cours de l’été 1759. Le palais de l’intendant, par sa taille imposante et son bon état, s’impose donc rapidement comme un endroit tout désigné pour loger les troupes. Rapidement, le 48th Regiment of Footh (Northamptonshire) et le 78th Regiment of Footh (Fraser Highlanders) s’y installent.
Ils sont bien vite suivis par de multiples autres régiments. L’endroit perd de son prestige. Des squatteurs s’installent dans les magasins du roi et des terrains sont concédés à des particuliers le long de la rue Saint-Vallier dès 1765. Un quartier commence à prendre peu à peu forme autour de l’ancien palais de l’intendant bien que l’endroit ait désormais principalement une vocation militaire. Les jardins qui se trouvaient à l’ouest du palais ont d’ailleurs fait place à une cour à bois (The King’s Wood Yard) et on entrepose différentes marchandises aux alentours de l’ancien palais.
En 1775, une nouvelle menace plane sur les lieux. Les 13 colonies aspirent à leur indépendance. Deux armées se mettent en branle vers Québec. Le palais de l’intendant est vidé de ses occupants qui se retranchent derrière les murs. Le 13 décembre, les Rebelles prennent possession du bâtiment dont ils tirent profit pour attaquer les Britanniques. Grimpés dans les hauteurs du clocheton de l’édifice, les Rebelles tirent sur les sentinelles.
Afin de déloger les Américains de l’endroit, les Britanniques bombardent les lieux, infligent d’importants dégâts à l’édifice et forcent les Rebelles à se retrancher. Le 31 décembre, les Américains préparent l’assaut. Vers 9 h, les troupes britanniques mettent le feu à plusieurs maisons de Saint-Roch et au palais de l’intendant pour empêcher les Rebelles de s’y retrancher. Malgré sa structure en pierre, le bâtiment est rapidement réduit à l’état de ruines puisque les étages supérieurs et la toiture en bois du palais sont rapidement consumés par les flammes.
Un impressionnant complexe industriel
Au cours des décennies qui suivent, le site est laissé à l’abandon et la végétation envahit progressivement les vestiges du palais. Seule une partie des voûtes en pierre a survécu et sert désormais d’entrepôt pour les autorités britanniques et de hangar à charbon. Avec la création de la rue Saint-Paul, en 1816, de nouveaux quais s’ajoutent en bordure de la rivière et entraînent un développement du secteur.
Les lieux continuent à être lotis et de nouvelles demeures poussent dans les environs. Si le palais demeure en ruines, les alentours se développent rapidement. L’essor de la construction navale amène de nombreux chantiers à s’installer le long de la rivière Saint-Charles. D’autres industries suivent : tanneries, distilleries et manufactures de meubles ne constituent que quelques exemples. C’est dans ce contexte qu’un brasseur d’origine irlandaise, Joseph Knight Boswell, fait l’acquisition de la boulangerie que James Clearihue avait fait construire quelques décennies plus tôt le long de la rue Saint-Vallier, approximativement là où se trouvait le premier palais de l’intendant.
Rapidement, l’entreprise prend de l’expansion. Boswell construit une malterie et fait élever des silos en plus de louer ce qu’il reste des caves de l’ancien palais de l’intendant pour y entreposer des marchandises. Aux dires de l’Annuaire manufacturier de Québec de 1870-1871, la brasserie fondée par Boswell une vingtaine d’années plus tôt est désormais « la plus considérable de Québec ».
Lorenzo Audet, carte postale des Voûtes Talon, entre 1947 et 1955, collection René Jalbert.
Au tournant des années 1950, l’éditeur Lorenzo Audet produit quelques cartes postales présentant ce qu’on appelle alors les Voûtes Talon. Comme on peut le voir, diverses pièces de mobilier ancien y sont présentées. Fait intéressant, puisque les voûtes Talon sont opérées par la brasserie Dow, elles disposent d’un bar afin que ceux qui fréquentent l’endroit puissent profiter d’une bière pendant leur visite.
De fil en aiguille, l’entreprise en vient à occuper pratiquement tout le site de l’Îlot des Palais. Après avoir été intégrée au sein de la National Breweries en 1909, la brasserie est acquise par la Canadian Breweries en 1952, un groupe qui réunit les bannières Dow, Dawes, Frontenac et Boswell. La bière Dow connaît à l’époque un grand succès. Si on en croit le journaliste Jean-Simon Gagné, « la brasserie contrôle 51 % du marché » dans la province en 1957 et « dans la région de Québec, sa domination atteint [même] 85 % » (Le Soleil, 21 juin 2017)! C’est donc sans surprise que l’ancienne brasserie fondée par Boswell en 1852 se met désormais à produire de la Dow.
Le succès est au rendez-vous jusqu’à ce qu’un scandale éclate en 1966 à la suite du décès de 16 gros buveurs. Le sel de cobalt qu’ajoutait Dow à sa bière destinée au marché de Québec pour lui apporter un beau collet de mousse lui donne certes une apparence qui plaît au marché local, mais elle provoquerait également des problèmes cardiaques! En 1968, le scandale met fin aux activités de la brasserie. Bien que l’entrepôt continuera à servir de centre de distribution régional pour la bière Dow produite à Montréal pendant quelques années, plusieurs bâtiments du complexe industriel sont démolis, faute d’usage.
Une vocation muséale ancienne
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la vocation muséale des lieux ne remonte pas à l’acquisition des voûtes par la Ville de Québec au milieu des années 1970, mais à la première moitié du XXe siècle. Conscients que leur entreprise est installée sur le site de la brasserie fondée par Jean Talon au début de la Nouvelle-France, les successeurs de Joseph Knight Boswell décident d’exploiter le potentiel historique du site pour promouvoir leurs produits.
La compagnie se présente donc, dans ses publicités, comme une « brasserie fondée en 1668 par l’intendant Talon » (L’Événement, 20 juillet 1910). Les voûtes du deuxième et du troisième palais de l’intendant sont également mises à profit puisqu’on croit alors — à tort — que ce sont celles de la brasserie du XVIIe siècle. Elles reçoivent le nom de « Voûtes Talon » et sont ouvertes au grand public lors de la saison estivale. S’il est difficile de dater le moment à partir duquel l’endroit prend une dimension muséale, on sait qu’il accueille des visiteurs au tournant des années 1950, voire dans les décennies précédentes. L’achat de la brasserie Boswell par la Canadian Breweries en 1952 ne change rien à l’usage des lieux.
Des milliers de visiteurs s’y pressent pour voir les différentes pièces de mobilier traditionnel et les objets liés à la culture canadienne-française qu’on y expose. L’endroit répond à l’engouement pour l’artisanat et le folklore québécois en plus d’offrir la possibilité de déguster une bière — une Dow, bien sûr — lors de la visite des lieux!
Îlot des Palais.
Les fouilles archéologiques menées entre 1982 et 2016 ont entre autres révélé les vestiges du premier palais des intendants, en bordure de la rue Saint-Vallier.
Au milieu des années 1970, la brasserie Carling O’Keefe, qui avait entretemps acquis l’entreprise, cède le site à la Ville de Québec. La municipalité décide d’en conserver l’usage muséal et le rouvre en 1980 sous le nom de « Voûtes du Palais ». Les premières expositions y retracent l’histoire du lieu et de Québec. Dans les années 1980, le Centre d’initiation à l’histoire de la Ville de Québec prend en charge les lieux, diversifiant les expositions avec des thèmes historiques et ethnologiques. Dès 1982, des fouilles archéologiques sont menées sur le site, révélant plus de 500 000 artéfacts témoignant du passé économique et industriel du lieu.
Rapidement, l’intérêt grandit pour intégrer ces découvertes au musée. En 1988, on installe une immense tente au-dessus de la zone de la brasserie, du premier palais et des magasins du roi ainsi que des rampes d’observation pour protéger le site et accueillir le public. En 1993, sous l’impulsion de la Société du patrimoine urbain de Québec (SPUQ), les Voûtes du Palais et le site archéologique fusionnent pour devenir l’Îlot des Palais.
Un musée tourné vers les écoles
De nos jours, l’Îlot des Palais ne se contente pas d’être un simple lieu d’exposition ; il se distingue par son engagement envers l’éducation et la transmission du patrimoine aux jeunes générations. Grâce à une programmation spécialement conçue pour les élèves du primaire et du secondaire, le site offre des activités pédagogiques immersives qui s’inscrivent parfaitement dans les programmes d’univers social du primaire, d’Histoire et éducation à la citoyenneté de 1ère et 2e secondaire, ainsi que d’Histoire du Québec et du Canada de 3e et 4e secondaire.
Cinq GéoRallyes permettent aux élèves d’explorer le Vieux-Québec tout en découvrant des pans de son histoire de manière ludique. Équipés d’un GPS et d’une feuille de route, les jeunes doivent trouver des caches qui ne sont parfois pas plus grosses qu’un 10 sous afin de répondre aux questions qui leur sont posées. Trois parcours sont offerts du début mai à la fin novembre : Nouvelle-France au temps des intendants ; Château, palais, prisons ; Vieux-Québec | UNESCO : patrimoine et archéologie. Deux parcours sont également disponibles en hiver. Ils permettent de découvrir les traditions hivernales d’antan et l’histoire du Carnaval de Québec. Cette approche dynamique favorise l’apprentissage actif et stimule la curiosité des participants.
L’Îlot des Palais propose également un jeu d’évasion, Le Trésor du dernier intendant. Équipés du sac à dos d’une archéologue fictive qui a passé sa carrière à chercher le trésor qu’aurait caché l’intendant François Bigot à la veille de la chute de la Nouvelle-France, les jeunes sont amenés sur les hauts lieux du régime français (Îlot des Palais, Nouvelles Casernes, monastère des Augustines, etc.) pour répondre à des énigmes qui leur permettent de progresser dans leur quête. Les élèves doivent utiliser du véritable matériel d’archéologue pour progresser dans leur quête en plus de manipuler des artéfacts authentiques. Ce type d’activité interactive encourage la coopération, le raisonnement logique et l’engagement des jeunes dans leur découverte de l’histoire.
Îlot des Palais, 2024.
Le jeu d’évasion Le trésor du dernier intendant propose aux jeunes de découvrir l’histoire de la Nouvelle-France en parcourant le Vieux-Québec et solutionnant des énigmes à l’aide de véritables artéfacts et de reproductions de documents historiques.
En plus de ces expériences immersives, le musée offre des ateliers d’initiation à l’archéologie, où les élèves peuvent manipuler des artefacts, s’initier aux méthodes de fouilles et mieux comprendre les traces laissées par les générations précédentes. Ces ateliers permettent une approche concrète de l’histoire et sensibilisent les jeunes à l’importance de la conservation du patrimoine. Des trousses d’initiation à l’archéologie s’ajouteront sous peu à l’offre scolaire de l’Îlot des Palais et permettront aux médiateurs de l’institution d’aller à la rencontre des jeunes dans leur milieu. Il sera ainsi possible d’amener le musée en classe lorsqu’il n’est pas possible de déplacer son groupe dans le Vieux-Québec.
L’Îlot des Palais est même pensé pour initier les enfants du préscolaire et de la maternelle à l’histoire. Trois spectacles de marionnettes sont conçus pour ce public. L’Affaire du cochon fait rire les plus petits à tout coup en leur présentant les déboires d’un intendant tentant de contrôler les allées et venues d’un cochon laissé en liberté dans les rues de Québec. Entre poux et artéfacts : l’hygiène en Nouvelle-France fait découvrir aux jeunes que les déchets d’aujourd’hui constituent les artéfacts de demain. La Fascinante histoire d’Esther en Nouvelle-France suit quant à elle les aventures d’Esther Wheelright, une enfant des 13 colonies qui, après avoir été enlevée et adoptée par les Abénakis, entre au couvent des Ursulines.
Le musée propose également plusieurs expositions permanentes : Révélations (2014) montre l’histoire des lieux en présentant toute une série d’artéfacts trouvés sur place tandis que Ici on brassait la bière! (2018) revient sur le passé brassicole du site. À cela s’ajoutent des expositions temporaires en rotation ainsi qu’une exposition immersive ayant pour titre 100 ans de vie nocturne à Québec (2022).
Cette dernière permet de se plonger dans l’évolution de la vie nocturne de la capitale grâce à une vidéo interactive. Divers rallyes sont offerts à l’intérieur des voûtes pour compléter la visite des lieux.
Conclusion
L’histoire de l’Îlot des Palais illustre de manière frappante l’évolution de Québec, de la Nouvelle-France à nos jours. Son parcours, marqué par des transformations successives, témoigne des changements politiques, économiques et sociaux qui ont façonné la ville. En tant que site patrimonial et espace d’interprétation, il constitue un outil essentiel pour les enseignants d’histoire, leur permettant d’aborder de façon concrète et dynamique les grandes étapes du développement de Québec et de la province de manière plus générale. Une visite s’impose donc pour découvrir les lieux!
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Cet article fait partie d’une série d’histoires parues initialement dans le magazine Traces de la Société des professeurs d’histoire du Québec (SPHQ).