Transcription Annie Masson

L'idée du projet, c'était d'être capable de le vivre soit en classe ou soit à distance, dans le contexte de pandémie. Et puis c'était surtout d'essayer de faire les choses autrement. Fait qu'on est reparti de la période précédente. Avant ce projet-là, j'avais travaillé avec mes élèves tous les événements importants, la Deuxième Guerre, les années folles, la Grande Crise.

Puis on est reparti de ça, puis pour travailler la Révolution tranquille. La façon de travailler la Révolution tranquille, c'est à partir de l'analyse de chansons. Je voulais sortir des textes, des cahiers, puis vraiment donner la chance de voir les choses différemment. Donc on est parti d'une chanson de la Bolduc pour faire un lien avec ce qui avait été vu précédemment.

Donc les élèves écoutent, analysent les chansons pour essayer de trouver les faits, puis de faire des liens entre les textes, puis ce qui se passait à l'époque. Donc le projet sur la Révolution tranquille, c'est vraiment l'analyse de trois chansons, « La Manic », où on parle de toute la nationalisation d'Hydro-Québec. Ensuite, on travaille aussi « Bozo les culottes ». C'est la préférée des élèves.

C'est vraiment toute la montée du FLQ, les attentats qui ont été faits, la statue de la Reine Victoria qui a explosé, tout le côté, la différence entre la réalité des francophones puis des anglophones, toute la montée de l'importance de la culture québécoise. Puis la troisième, « C'est le début d'un temps nouveau », où là, on va travailler l'ouverture sur le monde, l'Expo 67, tous les changements. C'est vraiment à partir de l'analyse de ces trois chansons-là, pour compléter les informations, on a regardé des vidéos, on a aussi écouté des documentaires pour en apprendre un petit peu plus sur cette période-là.

Étant donné que les élèves ne sont pas habitués à cette forme de sources là, en histoire, on a l'habitude plus de lire des textes, de regarder des images. Je suis vraiment là au début comme un modèle pour les guider, les questionner, pour les amener à se poser les bonnes questions, les amener à faire des liens, à comprendre. Puis petit à petit, je les laisse de façon plus autonome, être capable d'analyser, de réfléchir par eux-mêmes. Je les outille pour qu'ils soient capables de le faire.

Puis je le vois aussi comme un rôle d'animation. Moi, je veux former une communauté. Je ne veux pas qu'ils soient là à absorber ce que je dis, mais je veux qu'ils forment leurs propres conceptions, qu'ils développent leur façon de penser. Je suis là comme un animateur, comme médiateur aussi, parce que des fois, les pensées s'emportent. Je vois aussi, étant donné que mon milieu, j'ai plus de la moitié des élèves qui ne viennent pas du Québec, donc j'ai à les mettre à niveau.

J'en ai que la culture québécoise fait partie de leur éducation. Il y en a d'autres pour qui c'est nouveau. Ça fait que c'est de réduire l'écart pour qu'ils aient tous une base pour être en mesure de comprendre le contexte dans lequel cette période-là a été vécue, pour les amener à comprendre aussi les chansons. Le premier impact que je vois, c'est justement de mettre ces élèves-là, que ce soit ceux d'origine québécoise ou ceux d'une autre origine, de les mettre en contact avec cette partie de la culture là.

Les chansons québécoises, la culture québécoise est moins présente qu'elle l'était, en tout cas du moins dans le milieu ici. Ça fait que c'est de les mettre en contact avec qui on est comme peuple. Ça fait partie des compétences professionnelles aussi, d'être transmetteur de culture. Ça, c'est le premier impact. Le deuxième, c'est qu'en histoire, on voit souvent un écart entre ceux qui sont bons en lecture et ceux qui ont de la difficulté. Ça fait que souvent, la réussite en histoire va aller avec la lecture.

Ce projet-là, vraiment, ça vient diminuer l'écart. Ceux qu'on a moins la chance d'entendre, qu'on a moins la chance de voir ce qu'ils connaissent en histoire, à partir du média, de la chanson, c'est plus facile pour eux. L'autre impact, c'est que les élèves sont curieux, de cours en cours, de venir dans la classe, puis de savoir qu'est-ce qu'elle va nous présenter comme chanson. Ça amène vraiment des discussions. Ils ne veulent pas sortir. Je les croise, puis dans un corridor à récréation, ils m'en parlent.

Ils me demandent même de partager les chansons parce qu'ils les font écouter à leurs amis, à leurs parents, à leurs grands-parents. Ils demandent les chansons comme demandes spéciales dans des activités sportives, par exemple. Ça crée vraiment un engouement pour la culture québécoise. Ils retiennent aussi, c'est facile. Bon, t'as lu un texte, t'as mémorisé des choses, bon, tu vas l'oublier. Mais là, ils ont une référence, ils ont un sentiment différent par rapport à l'apprentissage.

Donc, ils retiennent, Ce qu’ils voient. Il y a vraiment des discussions super intéressantes suite à ce projet-là. Bien, tu sais, la musique, ça vient toucher l'empathie, ça vient toucher quelque chose personnellement. C'est sûr que quand ils s'identifient à la musique, ils s’identifient aux paroles, ça vient faire du sens pour eux.

Mais on le fait pas assez parce que ça semble facile, mais c'est pas si facile que ça de trouver les bonnes chansons. Il y a beaucoup de musique de l'époque, mais il fallait que ça soit des textes qui soient adaptés à des élèves de 12 ans. Donc, ça a quand même été une grosse partie du travail. Puis de convaincre aussi les autres qu'on pouvait voir la matière de façon différente. Je prends juste... J'ai des stagiaires. Quand mes stagiaires arrivent, puis ils me disent « Ah oui, on va vraiment réussir à comprendre c'est quoi la Révolution tranquille à partir de chansons! »

Bien oui! Tu sais, au début, on a un tableau, là, dans lequel on note ce que le vidéo nous apprend. Puis après ça, tout ce qu'on a appris à travers les chansons. Puis je regarde le programme, puis tout a été traité. Mais un travail de convaincre les gens autour que oui, j'y crois, puis ça va fonctionner, ce projet-là.

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