Transcription textuelle de la vidéo Ville-Marie

Les intentions de Paul de Chomedey de Maisonneuve et de Jeanne Mance étaient de venir fonder une société, une mission sous l’égide, sous la protection de la Vierge Marie et leur objectif, c’était de fonder une société sous la foi catholique avec les Amérindiens qui étaient ici sur les lieux et qui fréquentaient en fait les lieux, parce qu’ils n’avaient pas d’habitation permanente à l’endroit où ils ont déterminé l’établissement.

Maisonneuve et Jeanne Mance faisaient partie de la Société de Notre-Dame qui avait été fondée en France, donc un groupe en France dans un contexte où la religion catholique cherche à retrouver ses lettres de noblesse.

Il y a eu plusieurs guerres, elle cherche à avoir de nouveaux adeptes, donc cette société de Notre-Dame vise justement à regrouper des personnes qui ont le projet de grandir sous la foi catholique. Alors, c’est le projet que Maisonneuve et Jeanne Mance ont, et ils vont venir avec une quarantaine d’engagés.

Pour s’installer et bâtir un fort et construire ce projet. Le site a été choisi pour des raisons bien particulières. On sait que Jacques Cartier était venu à Hochelaga en 1535. On sait aussi que Champlain est venu sur le site en 1611; il avait pour objet de cibler un endroit où s’établir, où commercer. Champlain aurait même fait des essais agricoles sur le site.

Alors on sait que cet endroit-là avait déjà été identifié, d’autant plus qu’après, c’étaient les rapides, donc on ne pouvait pas poursuivre facilement sur le fleuve. Donc, cet emplacement était la limite avant les rapides; c’était une pointe de terre, donc une pointe avec une petite rivière et le fleuve Saint-Laurent, et donc la vue était assez vaste.

Cet emplacement était stratégique pour bien voir à différents endroits et en même temps isolé du reste de l’île pour bien protéger ses occupants. Les colons cohabitaient certainement avec les Amérindiens.

On ne sait pas précisément quelles interactions ont eu lieu chaque jour évidemment, mais les traces archéologiques nous laissent comprendre qu’il y a eu des Amérindiens qui sont venus dans le fort de Ville-Marie.

Les Français étaient alliés des Algonquins à ce moment-là et puis on a retrouvé des objets, des fragments de vases, des pointes de flèches, des perles de verre qui témoignent de l’échange — des perles de wampum aussi, qui témoignent de l’échange entre des Européens et des Amérindiens.

Est-ce qu’on peut s’imaginer qu’ils ont appris des techniques qui justement pour la pêche ou pour la chasse, ou l’utilisation de certains outils?

C’est possible, mais on sait aussi qu’ils se sont protégés des Iroquois, des attaques iroquoises. Par exemple en juin 1643, il y a eu une embuscade qui a tué plusieurs des Français qui faisaient partie du groupe initial du fort de Ville-Marie. D’ailleurs, on a constitué un cimetière en 1643 où ont été enterrées certaines de ces personnes, et ce cimetière-là fait partie de nos vestiges archéologiques au musée.

Un moment donné, on se rend compte que le projet initial de fonder une société dans la religion catholique n’est plus possible parce que les conversions ne se font pas. Les Amérindiens ne se convertissent pas.

Donc on cherche une autre façon de garder en vie notre projet et on va demander, on va donner une concession de terre de l’autre côté de la rivière à un monsieur qui s’appelle Pierre Gadoua, qui va être le premier à s’établir en dehors du fort.

Donc, on est en janvier 1648 et progressivement on va avoir besoin d’aide, des renforts humains, donc on va faire venir une première recrue en 1653 — une centaine de personnes qui vont venir s’établir de façon permanente, et ensuite quelques années plus tard une autre recrue à peu près du même nombre de personne, 90–91 personnes.

C’est donc ce mouvement de population qui fait qu’on est rendu beaucoup dans le fort. On a besoin d’espace, et avec le roi qui prend en charge la colonie et le départ de Maisonneuve, ça constitue le moment où, je dirais, le fort cesse son usage militaire de fort comme tel.

Une chose que les vestiges nous ont apprise, d’abord, c’est l’emplacement du fort, ça faisait des années qu’on cherchait à positionner le fort sur la pointe. On avait une idée approximative avec la découverte du cimetière à proximité, on savait à peu près c’était où.

Mais en trouvant certains des vestiges clés, comme un coin de bastion, on a pu grâce aux traités militaires, de génie militaire de l’époque, reconstituer le positionnement du fort.

Ça c’est une des premières choses que je dirais que l’archéologie nous a permis de découvrir, et ensuite toute la culture matérielle, tous les artefacts, les écofacts aussi qu’on a retrouvés nous ont permis de comprendre la diversité de la faune. On a retrouvé de la tortue, de l’aigle; on a retrouvé du castor en très grande quantité également.

Alors, ça aussi ça nous a permis de comprendre qu’il y avait beaucoup d’animaux sur la pointe et dans le secteur autour. On a trouvé aussi des artefacts qui témoignent de la richesse de la vie, de l’importance du religieux.

Bien entendu on sait que c’est un projet religieux, mais l’archéologie nous confirme aussi par de magnifiques objets sur le plan de la connaissance du XVIIe siècle en Nouvelle-France.

On a trois navettes à encens qui étaient utilisées pour les rituels religieux catholiques. On a retrouvé un fragment de lampe de sanctuaire. On a retrouvé des grains de chapelet également. Et une autre chose que l’archéologie nous a permis de découvrir, c’est l’importance du métal. Le métal qui est un petit peu l’or noir de l’époque, si je peux dire.

On a retrouvé des scories, des scories qui témoignent qu’on a tenté d’extraire du minerai de fer sur le site, ce qui est exceptionnel en Nouvelle-France à cette époque-là, ce qui serait le premier cas d’extraction du minerai de fer, la tentative du moins.

On a retrouvé aussi beaucoup d’objets associés à l’armement, donc des pièces de pistolets, des balles de plomb, on a retrouvé des fragments, des taillants de hache ou des limes pour travailler. Donc, on sait que le métier de taillandier ou de forgeron était crucial dans une société comme celle-là où l’on s’arme avec le métal, où l’on s’outille avec le métal, où l‘on s’équipe de toutes sortes de manières.

Donc, les fouilles archéologiques ont entre autres permis de découvrir, de mieux comprendre cet élément de la vie et bien d’autres encore aussi.

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