Partager le savoir grâce aux histoires

Cette leçon explore l’importance d’écouter les histoires, les enjeux au sujet de l’appropriation des histoires autochtones et les protocoles liés au conte.
Par Meredith Rusk Mis en ligne le 11 septembre 2023

Cette leçon fait référence au poème « Pour mes nièces » de Makayla Webkamigad à la page 6 du guide La vérité avant la réconciliation : Écoutons les survivants

Cette leçon explore l’importance d’écouter les histoires, les enjeux au sujet de l’appropriation des histoires autochtones et les protocoles liés au conte. Les élèves auront l’occasion d’explorer et de raconter certaines histoires autochtones de manière respectueuse.  

Dans cette leçon, les élèves : 

  • apprendront comment les peuples autochtones transmettent leurs connaissances au moyen d’histoires ;
  • découvriront les protocoles entourant la façon de raconter ;
  • approfondiront leur compréhension du concept d’appropriation. 

Contexte

Pour les peuples autochtones, les histoires ont toujours été une façon de tisser des liens avec les objets. Les thèmes de ces histoires décrivent leur culture, leurs valeurs et comment vivre en harmonie avec le monde. Ces histoires nourrissent l’esprit et le corps. Ces histoires sont sacrées et vivantes, et elles sont transmises de génération en génération. Elles peuvent également relater des expériences vécues à des époques plus proches de nous, comme celles des survivants des pensionnats autochtones. 

Il importe d’instaurer un climat de sécurité émotionnelle et culturelle lorsque l’on parle de certaines histoires plus sensibles des peuples autochtones. La sécurité culturelle est une approche qui tient compte de la façon dont les contextes sociaux, culturels et historiques, et les déséquilibres de pouvoir, ont façonné les expériences éducatives des peuples autochtones, et continuent d’exercer une influence à cet égard. Il importe de faire preuve de respect et d’être sensible aux stéréotypes et aux idées fausses. Les élèves autochtones ne doivent pas être forcément interpellés, mais ils peuvent s’exprimer sur une base volontaire s’ils souhaitent partager leurs connaissances et expériences. Prévoyez des espaces sécuritaires pour les élèves si ces histoires sont trop troublantes pour eux. 

Leçon

  • Posez la question suivante aux élèves : lorsqu’une personne raconte une histoire, pourquoi est-il plus respectueux de l’écouter sans l’interrompre? Quelles sont les qualités d’un bon auditeur? Expliquez que les auditeurs respectueux :  

    • comprennent qu’ils ont la responsabilité d’écouter et d’apprendre, car une histoire est un cadeau que nous fait le conteur.  
    • permettent au conteur de raconter sans interruption, car une interruption pourrait lui faire perdre le fil de son histoire ou oublier certains aspects importants. 
    • restent concentrés sur l’histoire sans parler aux personnes à leurs côtés et sans regarder partout autour d’eux. 
    • écoutent avec leur corps et leur cerveau, et pas uniquement avec leurs oreilles. 
  • Demandez aux élèves de travailler avec un partenaire ou en petits groupes pour raconter une courte histoire personnelle. Demandez-leur d’être respectueux lorsqu’ils écoutent (thèmes possibles : une fois où ils ont eu très peur, une fois où ils ont vu un animal sauvage, la meilleure fête d’anniversaire à laquelle ils ont pris part).
  • Demandez aux élèves de raconter une histoire relatée par un partenaire ou un membre du groupe. Avant qu’ils ne commencent, ils devront demander à « l’auteur » de l’histoire s’ils sont autorisés à raconter cette histoire à tout le groupe.
  • Après avoir raconté cette histoire d’une expérience vécue, demandez à « l’auteur » ce qu’il aurait ressenti si le « conteur » avait raconté son histoire sans lui demander la permission au préalable. Demandez‑lui ce qu’il ressentirait si le « conteur » avait écrit un livre sur cette histoire et l’avait publiée sans son autorisation (et si en plus il touchait des revenus grâce à cette histoire).
  • Expliquez aux élèves qu’il s’agit d’un cas d’appropriation (utiliser quelque chose, dans ce cas une histoire, pour son propre usage, sans demander la permission) et que c’est ce qui s’est produit, et continue parfois de se produire, avec les histoires des peuples autochtones.    
  • Expliquez aux élèves que les histoires traditionnelles/ancestrales des autochtones ont été et continuent d’être pour les peuples autochtones une façon de transmettre leurs connaissances, de préserver leur histoire et de maintenir leur ordre social. Ces histoires sont comme les manuels scolaires ou les ordinateurs d’aujourd’hui. Ces histoires sont reliées aux territoires et aux peuples qui les occupent, il revient donc à ces derniers de les raconter, et les autres ne peuvent le faire qu’avec leur permission.   
  • Quelles histoires autochtones les personnes non autochtones ou les personnes autochtones n’appartenant pas à la communauté peuvent-elles raconter? 
    • Les histoires orales lorsque le conteur leur a donné la permission ;
    • Des histoires déjà publiées. 
  • Posez la question suivante aux élèves : Qu’est-ce qui est important lorsque l’on raconte des histoires autochtones? Expliquez-leur qu’il existe des protocoles, des règles ou des lignes directrices à suivre lorsque l’on raconte ces histoires :
    • Demander la permission et identifier la source (auteur ou conteur) ;
    • Préciser le territoire ou la Nation d’où provient l’histoire ;
    • Indiquer d’où ils ont tiré cette histoire (livre, site Web, etc.) ;
    • Ne pas apporter de changements importants à l’histoire (les conteurs peuvent ajouter de petits détails, mais le thème et les idées doivent demeurer intacts pour respecter les enseignements) ;
    • Respecter les protocoles entourant le récit. Par exemple, pour certaines Premières Nations, les histoires traditionnelles ou ancestrales ne peuvent être contées qu’en hiver, après la première neige.
  • Demandez aux élèves de travailler en petits groupes pour trouver une histoire autochtone qui a déjà été publiée ou partagée (une expérience vécue ou une histoire traditionnelle). Elle peut se trouver dans un livre ou sur une vidéo en ligne. Demandez aux élèves de déterminer qui est l’auteur et la Nation à laquelle il appartient. 
  • Demandez-leur de raconter l’histoire en commençant par : « Cette histoire nous vient de la Nation  __________ et a été racontée par  __________. »

Activités d’enrichissement

  • Chaque personne tire sa propre interprétation d’une histoire autochtone. Lisez un livre ou un conte d’un auteur autochtone (ou racontez cette histoire de vive voix) et demandez aux élèves ce qu’ils en ont tiré. 
  • Invitez un conteur autochtone dans votre classe ou votre école. Avec vos élèves, déterminez quels sont les protocoles à suivre pour respecter la culture de votre invité, et observez-les. 

Conclusion

Il existe de nombreux livres d’auteurs autochtones qui racontent des histoires sur le territoire, les peuples, les langues, les relations et le respect, mais également des récits de l’époque coloniale, notamment sur l’histoire et les conséquences des pensionnats autochtones. Ces conteurs peuvent nous dévoiler certaines « vérités » et c’est en apprenant ces vérités que les élèves peuvent commencer leur véritable travail de réconciliation. 
Ligne d’écoute des survivants des pensionnats autochtones : 1-866-925-4419

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