Elle agita la main vers un bâtiment en briques plus petit.
– Ils appellent ça un « chalet », mais à mon avis, un chalet est censé être une petite maison dans la forêt, et celui-là est affreux. On doit dormir toutes ensemble dans une pièce minuscule. J’avais une amie, ajouta Lysiane en soupirant, mais elle a été très malade et elle a été envoyée ailleurs.
– Je peux être ton amie! s’exclama Diane sans même y penser. Je vais venir te voir demain après l’école. Lysiane se mit à taper des mains et à danser en cercle, le visage illuminé d’un immense sourire.
– J’ai une amie! J’ai une amie! Une cloche se mit à sonner juste à ce moment-là, et son sourire disparut.
– Oh, non! Au revoir, Diane! fit Lysiane en se retournant pour courir vers le petit bâtiment sans ajouter un mot.
Diane attendait depuis une éternité. Elle allait bientôt devoir rentrer chez elle pour le souper, mais elle n’avait toujours pas vu sa nouvelle amie. Où était Lysiane? Elle ne pouvait pas rester plus longtemps. Ça n’était pas si mal quand elle pouvait parler à Lysiane, mais sans le sourire réconfortant de sa nouvelle amie, l’immeuble la rendait nerveuse. Toute triste, elle se retourna pour rentrer chez elle.
– Attends, Diane! Attends! Lysiane courait vers elle, de l’autre côté de la clôture. Son visage était sale et strié de taches, et la manche de sa robe était déchirée.
– Qu’est-ce qui s’est passé? demanda Diane. Lysiane semblait sur le point de pleurer – en fait, elle semblait avoir déjà pleuré.
– Une des grandes a dit que j’étais laide et stupide, et que mes parents ne voulaient pas de moi, alors toutes les filles ont ri de moi en m’enfonçant leurs doigts dans la peau et elles ont déchiré ma robe, dit Lysiane en levant le menton. Mais maintenant, mon amie Diane est là. Diane sentit monter sa colère.
– Ces filles-là ont tort, dit-elle en levant la main pour montrer à son amie ce qu’elle lui avait apporté.
– Tu m’as apporté une fleur, elle est magnifique! fit Lysiane, toute surprise. Elle tendit la main à travers la clôture et prit la tige très délicatement.
– Une fleur orangée, j’adore ça! – C’est un lys, dit Diane. Il y en a qui poussent tout le long du chemin près de chez moi. Ça m’a fait penser à toi. Lysiane porta la fleur à son visage et la frotta sur sa joue.
– Je suis une fleur. Je suis un lys, dit-elle en regardant Diane avec un sourire. Et j’ai une amie.