Le charme ancien du Nouveau Monde

André Pelchat découvre la Vieille Capitale, son histoire et sa beauté.

Écrit par André Pelchat

Mis en ligne le 22 février 2013

Ce ne serait pas gentil à dire d’une personne, mais d’une ville, c’est un compliment: Québec fait son âge. Nul endroit ne conjugue pareillement l’histoire et la beauté.

Surplombant le Saint-Laurent, la vénérable capitale, coeur de l’Amérique française, est comme un morceau d’Europe transplanté au Nouveau Monde. Étroites rues pavées, restaurants et boutiques y font revivre quatre siècles d’histoire à chaque pâté de maisons.

Aujourd’hui, nous abordons la Vieille Capitale du côté de l’eau, en parcourant le Saint-Laurent sur la traverse de Lévis. Le traversier part habituellement toutes les vingt minutes et offre au visiteur une vue à couper le souffle sur la cité fondée par Samuel de Champlain en 1608.

Des falaises de Lévis, on embrasse d’un seul coup d’œil toute la partie historique de la capitale du Québec, en commençant par la basse-ville, blottie au pied de l’imposante masse de roches du cap Diamant.

C’est ici qu’en 1542 Jacques Cartier crut avoir découvert des diamants, d’où le nom du cap. Malheureusement pour lui, les diamants se révélèrent être du vulgaire quartz.

Perché sur le cap, grossissant à mesure que l’on s’approche, l’impressionnant Château Frontenac, que l’on dit être l’hôtel le plus photographié du monde.

Le Château a été construit en 1892, alors que Québec était en pleine transformation, se métamorphosant de centre de construction navale en Mecque du tourisme. Le mot « Mecque » a ici un sens particulier, car, pour beaucoup de citoyens de la province, aller dans la capitale a quelque chose du pèlerinage culturel. Marcher dans les rues de Québec — sur les pas de Champlain, Montcalm, Frontenac et d’autres personnages historiques — peut être une expérience émouvante.

Le traversier arrive à quai et nous débarquons en face de la Batterie royale. Ce bastion en pierre, armé de canons et entouré d’un fossé, fut construit en 1691, mais a pris son aspect actuel en 1712, sous l’un des successeurs de Frontenac. Après la Conquête, il se retrouva enseveli sous la rue jusqu’à ce qu’on le déterre et le reconstruise en 1977.

Derrière la Batterie se trouve la Place-Royale qui doit son nom au buste de Louis XIV, réplique de celui érigé ici en 1686. C’était le cœur du Vieux-Québec, la place du marché originelle où les habitants se rencontraient pour échanger des fourrures et des denrées, et se transmettre les dernières nouvelles. Aujourd’hui, elle est entourée par une collection de remarquables maisons en pierre, datant de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle. Un programme majeur de restauration, au début des années 1980, a transformé ce quartier jusqu’alors défavorisé en attraction touristique. Les visiteurs peuvent y admirer un véritable musée de l’architecture de l’Ancien Régime.

En baissant les yeux, vous apercevrez des lignes sombres sur les pavés entourant l’église. Elles indiquent les contours de la deuxième habitation construite par Champlain en 1623. Des archéologues ont découvert que ce bâtiment était situé presque exactement sous l’église actuelle. «C’est ici que tout a commencé », dit un guide à ses touristes en montrant les lignes du doigt.

Nous nous dirigeons vers une maison au toit violet, qui fut celle de Louis Jolliet — l’explorateur qui découvrit le Mississippi dans les années 1670. Nous y prenons le funiculaire qui fait grimper la falaise jusqu’à la terrasse Dufferin.

En quelques instants, nous passons de la basse-ville à la haute-ville. Toujours peuplée de musiciens, de jongleurs et d’artistes, la terrasse Dufferin offre une vue incomparable sur le fleuve et les collines avoisinantes. Plus bas, le fleuve grouille de voiliers et d’embarcations de toutes sortes. De vieilles photos sépia de l’époque victorienne montrent des hordes de touristes en ces lieux. Déjà, les voyageurs étaient fascinés par la grandeur et le charme de l’endroit.

À Québec, l’histoire de la ville se déploie en cercles concentriques, rayonnant du cœur de la vieille ville. À l’extérieur des célèbres remparts, l’architecture française cède la place aux cossues demeures victoriennes, résultat de l’occupation britannique de l’ancienne Nouvelle-France. Plus vous vous éloignez de la vieille ville, plus les édifices sont récents, jusqu’à ce que le Vieux-Québec cède la place à la capitale du Québec moderne, avec ses quelque 600 000 habitants.

On ne peut, en une seule visite, même commencer à s’imprégner de ce qui fait de Québec ce qu’elle est.

Déjà, les musées justifient le déplacement. Parmi nos préférés : le Musée national des beaux-arts du Québec, avec sa magnifique collection d’art québécois, et le Musée de la civilisation, dans la basseville, et ses expositions interactives retraçant l’histoire de la vie quotidienne.

Et puis, il y a les restaurants, la vie culturelle, les multiples festivals et les sorties. Par où commence-t-on? Au cœur du Vieux- Québec se dresse une colossale statue du fondateur de la ville, érigée en 1898. Que dirait Champlain s’il voyait ce qu’est devenue la cité qu’il a fondée, il y a si longtemps ? Entouré de ce mélange parfait du passé et du présent, de sa vivacité et de son charme, nul doute qu’il serait content.

André Pelchat vit à L’Avenir, au Québec. Il a fait des études d’histoire et travaille actuellement comme agent de communication et journaliste pigiste.

Cet article est paru à l’origine danse le numéro février-mars 2008 du magazine The Beaver.

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