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Barbara Huck arpente les routes de l’or de la Colombie-Britannique.

Écrit par Barbara Huck

Mis en ligne le 11 février 2021

L’or exerce son attrait depuis plus de 6 000 ans, mais en Amérique du Nord, ce précieux métal a fait bien plus que décorer des têtes couronnées ou gonfler des comptes de banque. Ici, l’or a contribué au développement de l’Ouest.

Bon nombre d’entre vous connaissent l’histoire des traces d’or découvertes à la scierie de John Sutter en Californie, en 1849, mais la ruée vers l’or de la Colombie-Britannique est moins bien connue. James Houston, un bon à rien d’origine écossaise, semble avoir découvert la première pépite dans une crique au nord-ouest de fort Kamloops en 1857. Peu après, le facteur en chef de la Compagnie de la Baie d’Hudson, James Douglas, trouva son propre échantillon et l’envoya à l’hôtel de la monnaie à San Francisco, alertant du même coup les mineurs de la Californie. En avril 1858, près de 30 000 chercheurs d’or firent le trajet vers le sud de la C.-B.

Un an plus tard, on découvrit de l’or dans une batture de gravier du fleuve Fraser, juste au sud de fort Yale, 125 km à l’est de la ville actuelle de Vancouver. Le site, surnommé Hill’s Bar, en l’honneur du prospecteur Edward Hill, transforma instantanément Yale, qui à ce moment pouvait se vanter de n’avoir qu’un seul restaurant, en une ville digne de ce nom. Soudainement, des hôtels et des restaurants furent construits le long du fleuve et des maisons, bâties sur la colline. On y découvrit pour un demi-million de dollars d’or, mais bientôt, les prospecteurs durent se tourner vers le nord. Aujourd’hui, Yale est redevenue une petite ville tranquille, mais on retrouve encore des souvenirs de cette brève effervescence au Yale Museum, où l’on propose une visite du fleuve et où l’on explique les techniques du lavage de l’or.

En 1860, ce fut le tour de Lillooet, à 131 km au nord de Yale, toujours sur les rives du fleuve Fraser. Avec ses treize saloons et ses nombreuses baraques, c’est dans cette ville que l’on se vanta d’avoir fait venir vingt-trois chameaux pour transporter l’or. C’est également à cet endroit que l’on retrouvait la plus forte population de mineurs réunis sur les battures de sable du fleuve. Mais tout le monde savait que le véritable « el dorado » se trouvait plus au nord. En 1862, Billy Barker le découvrit à Williams Creek, à soixante-six kilomètres à l’est de Quesnel, sur les pentes ouest de la chaîne Cariboo : ce fut le véritable début de la ruée vers l’or.

James Douglas, le gouverneur de l’époque, souhaitant contrôler l’arrivée de milliers d’Américains au sud du canyon du Fraser, ordonna que l’on construise une route le long du fleuve Fraser et de la rivière Thompson, dans un environnement plus qu’inhospitalier. Entre 1862 et 1864, des centaines de travailleurs défrichèrent 640 km de terres pour en faire la Cariboo Wagon Road, surnommée également la « huitième merveille du monde ». L’autoroute Cariboo actuelle en suit le parcours.

Le long de la route, de petites communautés comme Clinton (la « porte de Cariboo »), 70 Mile House et 100 Mile House, virent le jour pour répondre aux besoins des prospecteurs. Comme le dit si bien le charpentier de Clinton, Mike Brundage : « Il n’y avait pas une trace d’or à Clinton, mais les propriétaires d’hôtels, les hommes qui réparaient les chariots et les forgerons qui ferraient les chevaux étaient sans doute les seuls à véritablement faire fortune. »

Williams Creek sera rapidement submergée; en effet, plus de 100 000 personnes prirent la route d’assaut. Rebaptisée Barkerville, la petite communauté dépassa rapidement toutes les autres en ce qui a trait à la taille et à la diversité des services offerts.

En plus des saloons et hôtels, on y trouvait des églises, une boulangerie, une ferronnerie, un magasin général, une école, un cabinet de médecin, ainsi qu’un cordonnier, un ferblantier, une bibliothèque et un quartier chinois assez développé.

Barkerville a résisté au passage du temps. Chaque commerce mentionné ci-dessus existe encore, et des hôtels, des restaurants, des gîtes, et des boutiques souvenirs ont ouvert leurs portes, dans le respect de l’esprit de la ville.

Aujourd’hui, à Barkerville, on peut chercher de l’or de la façon traditionnelle, acheter des vêtements d’époque, faire des réserves de pain au levain, choisir un cadeau fait à la main dans le quartier chinois, faire une balade en diligence, aller au théâtre, essayer tous les restaurants, et se reposer dans une des communautés les mieux restaurées en Amérique du Nord.

En parcourant les trottoirs de bois qui longent les authentiques rues de terre battue, vous risquez de rencontrer le juge Begbie ou Mme Thompson, l’enseignante la plus populaire en ville. Sur le chemin, à Cottonwood House, juste à l’est de Quesnel, on propose aux touristes des visites guidées et on leur explique comment chercher de l’or à l’ancienne.

Mais si Barkerville demeure la destination, les traces de cette période turbulente sont visibles bien au sud, puisque l’on peut voir des signes de la fameuse Cariboo Trail aussi loin qu’au sud et au centre de l’État de Washington.

Barbara Huck est l’autrice de Exploring the Fur Trade Routes of North America et de In Search of Ancient Alberta. Elle habite à Winnipeg.

Cet article est paru à l’origine dans le numéro février-mars 2005 du magazine The Beaver.

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