Art, qui a grandi à Londres, est envoyé en 1893 sur le navire Vancouver de la Dominion Line, d’abord à Halifax, puis au Fegan Home à Toronto et enfin dans une ferme près de Guelph, en Ontario. Il a alors neuf ans et compte parmi les 100 000 petits immigrants envoyés au Canada pour fournir une main-d’œuvre bon marché à une nation en pleine croissance, un programme dont le gouvernement britannique a depuis reconnu l’erreur et pour lequel il s’est excusé.
En 1915, marié et père de quatre jeunes enfants, Art rejoint le Corps expéditionnaire canadien d’outre-mer et s’embarque pour l’Angleterre, puis pour la France où il passe la guerre comme brancardier sur le front occidental.
Quelque chose d’autre a dû se passer lors de son séjour en Angleterre pour qu’il revienne avec Jane, dont la dernière adresse à Londres était un « workhouse », un endroit où finissaient les pauvres et les indigents, même en 1919.
Elle avait cependant vécu, auparavant, à une adresse où Art a passé au moins quelques années de son enfance et où il était répertorié en tant que neveu.
Originaire de Manchester, elle s’appelait alors Jane Foster et travaillait dans une usine londonienne à la naissance d’Art, vers 1884. Elle finit par épouser James Hampton, de vingt-huit ans son aîné, en 1890, quelque temps après la mort de sa première femme. Le jeune Art a vécu chez les Hampton. Il ne semble pas y avoir d’acte de naissance d’Art qui permettrait de savoir qui étaient ses parents.
Alors qui était Jane pour Art? Pourquoi a-t-il été envoyé au Canada en tant qu’orphelin alors qu’il vivait dans un foyer avec un couple marié? De quel genre de pauvreté et de conditions provenait-il? Comment se sont-ils retrouvés? Pourquoi s’est-il senti obligé de l’emmener au Canada et de subvenir à ses besoins?
Ni l’un ni l’autre n’ont jamais répondu à ces questions. Jane est décédée en 1920, moins d’un an après avoir emménagé dans sa nouvelle maison et Art s’est éteint en 1923, peu après la naissance de son dernier enfant : ma mère.
Il reste encore bien des choses à élucider dans cette histoire, comme dans l’histoire du Canada. Je suis ravi de me joindre à l’équipe formidable d’Histoire Canada qui se consacre à l’approfondissement de la compréhension du passé de notre nation, avec le soutien de notre remarquable groupe de commanditaires, de donateurs et d’abonnés, grâce auxquels tout cela est possible. Nous ne pouvons le faire qu’avec votre aide. Nous vous invitons à faire un don à Histoire Canada pour que nous puissions continuer à vous presenter les visages de l’histoire.