Les actes crapuleux du Dr Cream

Jack l’Éventreur était il un diplômé de l’Université McGill?

Écrit par Jill Foran

Mis en ligne le 28 février 2016

Le matin du 15 novembre 1892, des milliers de personnes se rassemblèrent devant les portes de la prison Newgate à Londres, en Angleterre, pour attendre l’exécution imminente d’un prisonnier s’y trouvant. Ce fut la plus grande foule à se réunir sur une place d’exécution à Londres depuis les pendaisons publiques auxquelles on a mis fin en 1868, et même si la foule ne verrait pas la mise à mort du prisonnier comme telle, elle tenait tout de même à être présente pour se réjouir de sa fin tragique.

Comment l’a rapporté le Toronto Globe le lendemain : « Aucun criminel à être exécuté à Londres n’a été accompagné dans la mort par une foule ayant aussi peu de compassion. » Ce criminel était un médecin formé à McGill du nom de Thomas Neill Cream.

À l’intérieur des murs de la prison, le matin de l’exécution de Thomas Cream, l’ambiance n’était pas à la fête. Le Dr Cream était tranquille et calme alors qu’on le menait vers l’échafaud où l’attendait le sort que ses années de crime lui réservaient.

Alors que divers représentants de la ville et de la prison regardaient la scène, et que le bourreau, James Billington, se préparait à tirer le levier qui devait entraîner Thomas Cream vers la mort, ce dernier commença à parler. « Je suis Jack », dit-il, mais il fut réduit au silence lorsque les portes de la trappe s’ouvrirent et que son cou se brisa sous le choc.

Le Dr Cream était-il sur le point d’avouer qu’il n’était nul autre que Jack l’Éventreur? Se pourrait-il que l’empoisonneur de Lambeth soit également responsable des meurtres horrifiants qui stupéfièrent le peuple de Londres, et le reste du monde, quatre années plus tôt?

Au cours de la dernière moitié de l’année 1888, le quartier pauvre du East End à Londres servait de décor aux machinations d’un détraqué non identifié qui assassina au moins cinq prostituées.

Surnommé Jack l’Éventreur, ce mystérieux meurtrier fut plus tard qualifié de premier tueur en série, et même si la police métropolitaine ne parvint jamais à le capturer ou à l’identifier, elle avait de nombreux filons à exploiter. D’un boucher juif à un barbier polonais, en passant par un artiste connu et un futur héritier de la couronne d’Angleterre, la liste des suspects était longue, et ne faisait que s’allonger au fil du temps.

Aujourd’hui, le nom de Cream figure encore sur cette liste funeste, et même s’il n’est pas considéré comme un des principaux suspects, il n’en demeure pas moins qu’il était fort capable de commettre un meurtre de sang froid.

Thomas Neill Cream est né à Glasgow, en Écosse, le 27 mai 1850. Quatre ans après sa naissance, sa famille immigra au Québec, où le père de Cream, William, devint gérant d’une société de construction de navires et de vente de bois de sciage à Wolfe’s Cove, près de Québec.

Thomas Cream, l’aîné de huit enfants, suivit brièvement les pas de son père William, faisant son apprentissage au sein de l’entreprise et donnant un coup de main à son père, jusqu’à ce qu’il lance à son tour son propre commerce de bois de sciage.

Mais cette activité ne retint pas l’attention de Thomas Cream bien longtemps. En octobre 1872, à l’âge de 22 ans, il s’inscrivit à l’Université McGill à Montréal, où il étudia la médecine pendant les quatre années suivantes.

Thomas Cream y gagna une réputation de jeune homme extravagant et fantasque auprès de ses collègues et professeurs. Ne manquant pas d’argent, fourni par son père alors devenu riche, il portait des vêtements dispendieux, se décorait de bijoux voyants et roulait dans des voitures de style.

Malgré cette extravagance, Thomas Cream obtint son diplôme de McGill au cours d’une cérémonie fort courue le 31 mars 1876. Son discours prononcé devant ses collègues était intitulé « Les dangers de l’erreur professionnelle dans la profession médicale ».

Thomas Cream, qui avait écrit sa thèse sur les effets du chloroforme, démontrera rapidement à quel point ces dangers peuvent être funestes.

Peu après, le Dr Cream rencontra et séduit une jeune femme du nom de Flora Eliza Brooks, fille d’un propriétaire d’hôtel prospère de Waterloo, au Québec. Lorsque Flora tomba enceinte de Thomas Cream, il décida de lui faire subir un avortement.

Suite à cette intervention, Flora tomba malade et son père, après avoir appris ce qui s’était produit, retrouva Thomas Cream, le ramena à Waterloo et l’obligea, à la pointe du fusil, à épouser sa fille.

Le lendemain, Thomas Cream quitta sa nouvelle épouse et partit en Angleterre pour poursuivre ses études médicales à l’hôpital St. Thomas, à Londres. Il y suivit des cours jusqu’en 1878, travaillant de façon intermittente au service d’obstétrique et profitant de son travail pour séduire des femmes.

Pendant ce temps, au Québec, Flora contracta une bronchite et mourut de consomption. Son médecin, cependant, se demandait si sa mort ne pouvait pas être liée à un médicament que lui faisait parvenir son mari. Même s’il ne donna jamais suite à cette supposition, le docteur admit plus tard qu’il soupçonnait Thomas Cream d’avoir tué sa femme.

Thomas Cream revint au Canada en mai 1878, après avoir passé quelque temps en Écosse et obtenu les qualifications du collège royal des médecins et chirurgiens d’Édinbourg. Il ouvrit son cabinet à London, en Ontario, et débuta ainsi sa carrière comme médecin pratiquant des avortements illégaux.

Environ un an après l’arrivée de Thomas Cream en Ontario, le corps d’une jeune femme nommée Kate Gardener fut découvert dans les latrines situées derrière son cabinet. Une bouteille de chloroforme fut trouvée près du corps, et le décès de cette femme fut rapidement considéré comme suspect.

Lorsqu’on établit au cours de l’enquête que Kate Gardener avait visité le cabinet du Dr Cream à plusieurs reprises afin d’y subir un avortement, Thomas Cream affirma qu’il avait refusé de lui fournir des médicaments abortifs et qu’elle avait dû se suicider.

Le jury du coroner était en désaccord et déclara que Kate Garderner était morte d’avoir inspiré du chloroforme, administré par une personne inconnue. Même si Thomas Cream ne fut pas accusé de son meurtre, les soupçons qui pesaient contre lui détruisirent sa réputation et sa pratique. Il quitta rapidement le Canada pour les rues de Chicago.

À Chicago, le Dr Cream établit son cabinet médical près du district de la prostitution, dans le West Side, et fut rapidement connu des policiers comme « l’avorteur des ruelles », un personnage qu’il valait mieux garder à l’œil.

Après avoir échappé de justesse à une peine d’emprisonnement pour la mort d’une jeune patiente suite à un avortement bâclé, Thomas Cream continua d’attirer l’attention des autorités de Chicago. En décembre 1880, une autre de ses patientes, Ellen Stack, mourut après avoir pris les médicaments qu’il lui avait prescrits.

Le mois suivant, Thomas Cream tenta de faire chanter le pharmacien qui remplit l’ordonnance d’Ellen Stack en lui envoyant des lettres de menace. Le pharmacien se plaignit à la police, mais aucune accusation ne fut portée.

Enfin, en 1881, la police réussit à mettre Thomas Cream derrière les barreaux pour quelque chose de concret : le meurtre d’un homme de 61 ans nommé Daniel Stott. Ce résident de la banlieue de Chicago envoyait régulièrement sa femme de 33 ans, Julia, en ville afin d’aller chercher des pilules qui, selon le Dr Cream, combattaient l’épilepsie.

Thomas Cream ne tarda pas à séduire la jeune femme et après l’avoir convaincue de presser son mari de prendre une assurance-vie, il lui donna des pilules de strychnine. Daniel Stott mourut quelques minutes seulement après avoir pris les cachets.

Au début, le décès de Daniel Stott fut attribué à une crise d’épilepsie. Mais Thomas Cream envoya une lettre au coroner accusant les chimistes ayant rempli l’ordonnance de Daniel Stott d’être responsables de sa mort (Thomas Cream voulait poursuivre les chimistes au nom de Julia).

Le coroner ignora la lettre de Cream, mais ce dernier demanda au procureur local de faire exhumer le corps de Daniel Stott. On trouva suffisamment de strychnine dans l’estomac de Daniel Stott pour tuer un homme au moins trois fois, mais c’est Thomas Cream, et non les chimistes, qui fut accusé et trouvé coupable de meurtre au second degré. Il fut envoyé à la prison de l’État de l’Illinois, à Joliet.

En octobre 1872, à l’âge de 22 ans, il s’inscrivit à l’Université McGill à Montréal, où il étudia la médecine pendant les quatre années suivantes. Thomas Cream y gagna une réputation de jeune homme extravagant et fantasque auprès de ses collègues et professeurs.

Même si Thomas Cream reçut une sentence d’emprisonnement à vie, il fut libéré en juin 1891, après avoir fait réduire sa peine à 17 ans, et il obtint ensuite une libération conditionnelle. À sa libération, il retourna au Canada brièvement et se rendit ensuite en Angleterre, où il prit une chambre sur Lambeth Palace Road, dans un quartier du sud de Londres.

Peu après son arrivée à Londres, Thomas Cream, alors devenu toxicomane, commença sa série de meurtres, empoisonnant quatre prostituées de la rue Lambeth en l’espace de sept mois. Une cinquième victime décida de ne pas prendre les pilules de strychnine que le médecin lui offrait, et témoigna ensuite contre lui.

Thomas Cream aurait pu échapper aux soupçons liés à ces meurtres s’il était resté discret, mais il écrivit plutôt des lettres sous de faux noms afin de faire porter le blâme sur d’autres personnes innocentes et de leur extorquer de l’argent.

Il se vantait également de sa vaste connaissance des meurtres et alla même jusqu’à amener un ami, un ancien détective de New York nommé John Haynes, faire une visite guidée des lieux des crimes.

La police se mit à suivre Thomas Cream, et il fut plus tard arrêté et accusé du meurtre de quatre femmes, de tentative de meurtre sur une cinquième, et d’avoir envoyé des lettres d’extorsion à deux médecins de Londres. Son procès eut lieu au Old Bailey (le tribunal criminel de Londres) en l’espace de cinq jours, en octobre 1892, et il ne fallut que dix minutes au jury pour en arriver à son verdict : coupable.

Le juge Henry Hawkins condamna Cream à la pendaison, en disant au prisonnier que ses meurtres de sang froid ne pouvaient être expiés que par la mort.

Peu après son retour en prison, Thomas Cream admit à ses geôliers que sa sentence était méritée et qu’il avait en effet tué de nombreuses autres femmes. Depuis, l’idée que les victimes de Jack l’Éventreur puissent faire partie de ces autres femmes suscite intérêt et dégoût.

Le principal argument contre la théorie selon laquelle le Dr Thomas Neill Cream soit Jack l’Éventreur semble inviolable : en 1888, l’année où les meurtres de Jack l’Éventreur furent commis, Thomas Cream était derrière les barreaux, en Illinois, pour le meurtre de Daniel Stott.

Et même si ce simple fait suffit à convaincre la plupart des « éventrologues » à éliminer Thomas Cream de la liste des suspects, cela ne les a pas tous découragés.

Dans un numéro de l’été 1974 de The Criminologist, l’auteur montréalais Donald Bell écrivit un article intitulé « Jack the Ripper: The Final Solution » dans lequel il avance la possibilité que Thomas Cream soit l’Éventreur.

Donald Bell soutient dans son article, et dans un autre publié dans le Toronto Star en février 1979, que Thomas Cream aurait pu être libéré de prison bien avant 1891 (l’année de sa libération officielle).

Dans les années 1880, la corruption régnait au sein du pénitencier de Joliet. Ainsi, il est possible que Thomas Cream, dont le père est décédé en 1887, ait pu profiter de ces conditions pour s’échapper, en utilisant son héritage pour payer ses geôliers afin qu’ils gardent le silence sur son absence.

Selon Donald Bell, si on peut accepter l’idée que Thomas Cream ait réussi à s’échapper clandestinement avant sa libération de prison officielle, alors il est fort possible qu’il ait également été Jack l’Éventreur.

En effet, Thomas Cream partageait le même trait que le mystérieux meurtrier du East End : les deux tuaient en série des prostituées de Londres. Et même si le modus operandi de Thomas Cream était l’empoisonnement, Donald Bell prétend qu’il « était plus naturellement un tueur de style chirurgien boucher, qu’un empoisonneur ».

En effet, le passé de Thomas Cream en tant qu’avorteur pourrait être une preuve justifiant des tendances à la boucherie du style de l’Éventreur. Également, en raison de la nature des blessures postmortem infligées à ses victimes, les autorités étaient convaincues que Jack l’Éventreur devait avoir des notions de médecine, comme Thomas Cream.

Même si les autorités de Londres arrêtèrent Thomas Cream en 1892, il était impossible pour elles de ne pas voir de parallèles entre l’empoisonneur et Jack l’Éventreur. Les deux assassins semblaient être convaincus de leur supériorité morale, ils tuaient des prostituées pour débarrasser la société de ce qu’ils considéraient comme une menace. Et les deux aimaient écrire des lettres.

Peu après son arrivée à Londres, Thomas Cream, alors devenu toxicomane, commença sa série de meurtres, empoisonnant quatre prostituées de la rue Lambeth en l’espace de sept mois.

Durant le règne de terreur de Jack l’Éventreur, des centaines de lettres furent envoyées à la police et aux médias, toutes se réclamant d’avoir été écrites par le tueur encore non identifié. Aujourd’hui, les « éventrologues » croient qu’aucune de ces lettres n’était véridique. D’autres experts soutiennent toutefois que le véritable tueur en avait écrit au moins deux, et peut-être trois.

Peu après son arrivée à Londres, Thomas Cream, alors devenu toxicomane, commença sa série de meurtres, empoisonnant quatre prostituées de la rue Lambeth en l’espace de sept mois.

Près d’un siècle plus tard, un graphologue britannique du nom de Derek Davies a comparé des échantillons de l’écriture de Thomas Cream avec celle d’une des lettres véritables de l’Éventreur, et avec une des fausses lettres. Il trouva des similarités frappantes entre les trois lettres.

Dans un article intitulé « Jack the Ripper : the Handwriting analysis » (publié dans le même numéro de The Criminologist que celui où Donald Bell avance sa théorie sur Thomas Cream), Derek Davies conclut que Thomas Cream a écrit les deux lettres en déguisant son écriture le plus possible à chaque occasion.

Comme les lettres de l’Éventreur, les descriptions physiques de Jack l’Éventreur sont pour le moins douteuses. Au cours des semaines où le tueur frappa, plusieurs témoins décrivirent des hommes, ou un homme, vus en compagnie des victimes de l’Éventreur avant leur mort. Ces descriptions variaient grandement, ce qui n’est pas étonnant.

Mais Donald Bell prétend que la plus exhaustive de ces descriptions, fournie par un ouvrier du nom de George Hutchinson, correspondait à l’apparence générale de Thomas Cream. L’homme était de teint foncé, il avait une moustache frisée aux extrémités et portait également, parmi d’autres parures respectables, une chaîne de montre et une épingle à cravate en forme de fer à cheval.

Lou Harvey, la prostituée qui a réussi à échapper à la tentative d’empoisonnement de Thomas Cream en octobre 1891, a écrit une lettre aux autorités dans laquelle elle mentionne que le Dr Cream portait une montre de fantaisie lorsqu’elle l’a rencontré.

Et même si Donald Bell considère qu’il s’agit d’un aspect intéressant, c’est l’épingle à cravate en forme de fer à cheval qui a constitué le point tournant de ses recherches. Thomas Cream a d’ailleurs été photographié portant cette épingle alors qu’il était étudiant à l’Université McGill. Pour Donald Bell, c’était là l’indice qui l’a convaincu que le Dr Thomas Neill Cream aurait bien pu être Jack l’Éventreur.

Que Thomas Cream soit Jack l’Éventreur ou non, le simple ajout de son nom à la liste des suspects a redonné au médecin canadien une toute nouvelle notoriété. Et, selon certains, c’est exactement ce que Thomas Cream voulait lorsqu’il a murmuré « Je suis Jack » juste avant de mourir.

Un égocentrique voulant toujours faire parler de lui : il est possible que ces derniers mots n’aient été qu’une tentative pour s’approprier tout le mérite des meurtres d’un tueur fameux.

Cependant, il est fort possible que Thomas Cream n’ait jamais prononcé ces mots. Même si le bourreau de Thomas Cream, James Billington, jure avoir entendu le médecin dire qu’il était Jack, la plupart des « éventrologues » considèrent cette version douteuse. Leurs doutes sont étayés par le fait que les autres témoins à son exécution affirment n’avoir jamais entendu ces paroles.

Quelle que soit la preuve pour ou contre Thomas Cream, les soupçons selon lesquels Jack l’Éventreur ait déjà parcouru les couloirs de l’Université McGill ont longtemps planés sur la faculté de médecine et sur ses anciens diplômés. Tant que l’identité de l’Éventreur n’aura pas été confirmée hors de tout doute, ces soupçons continueront de hanter la célèbre institution.

Histoire du chloroforme

Chloroforme

Même si de nombreux médecins apprennent leurs propres « trucs » du métier après avoir quitté l’école de médecine, l’utilisation que faisait le Dr Thomas Neill Cream du chloroforme était tout sauf thérapeutique.

Alors qu’il fréquentait l’Université McGill, Thomas Cream a rapidement apprécié les qualités de cet anesthésiant général sans couleur et à l’odeur douceâtre : sa thèse portait sur ses propriétés et son utilité en médecine. Il ne lui fallut pas attendre longtemps pour mettre la théorie en pratique.

Le chloroforme est connu depuis environ 175 ans, selon l’histoire médicale. Le médecin américain, Samuel Guthrie, a découvert le composé chimique par accident en juillet 1831, alors qu’il mélangeait un désinfectant à du whisky.

De façon tout à fait indépendante, et seulement quelques mois plus tard, le chloroforme a été identifié par le chimiste français Eugène Soubeiran, ainsi que par Justus von Liebig, en Allemagne. Marie-Jean-Pierre Flourens a consigné les propriétés anesthésiantes du chloroforme en 1847.

Cette même année, le produit chimique a été utilisé comme anesthésiant général pendant les accouchements pour la première fois. L’usage du chloroforme en chirurgie a rapidement gagné en popularité en Europe, et il a commencé à remplacer l’éther comme anesthésiant. Mais les chirurgiens revinrent rapidement à l’éther lorsque l’on découvrit que le chloroforme était très toxique.

Dans la culture populaire, plus particulièrement dans les livres et les films, on voit souvent les criminels porter un mouchoir imbibé de chloroforme sur la bouche de leurs victimes, qui sombrent rapidement dans un état inconscient.

En réalité, il faut plus que quelques gouttes pour obtenir ce résultat, ou pour entraîner la mort (lecteurs du Beaver, n’essayez pas cela à la maison. En effet, c’est de cette façon que John Wayne Gacy et Jeffrey Dahmer droguaient leurs victimes).

Dans le cas du Dr Cream, une bouteille de poison vide a été trouvée près d’une de ses présumées victimes. Il savait qu’il lui fallait employer tout le flacon pour commettre ses méfaits.

On trouve aujourd’hui du chloroforme dans l’environnement, et notamment des traces dans les gaz d’échappement des automobiles, des usines de traitement des déchets, et il constitue également un sous-produit de l’eau potable chlorée. On l’utilise dans la fabrication de pesticides et de teintures.

La prochaine fois que vous aurez le regard plongé dans votre frigo, à la recherche d’une petite collation satisfaisante, n’oubliez pas qu’à notre époque moderne, le chloroforme est un des ingrédients principaux du fréon, un réfrigérant.

Jack l’éventreur : Quatre autres suspects

Le chambreur

Une des images les plus populaires de Jack l’Éventreur est sans doute celle d’un homme tranquille, aisé, qui loue une chambre d’un couple à la retraite en offrant plus que le prix demandé. Même s’il s’agit d’un homme discret, il présente des habitudes étonnantes, notamment celles de lire la Bible à haute voix durant le jour et de sortir en pleine nuit. La femme du couple a des soupçons et remarque que les disparitions nocturnes de son chambreur coïncident avec les meurtres.

Portrait of M.J. Druitt

M.J. Druitt

Un suspect présumé depuis de nombreuses années, M. J. Druitt, avocat, a été repêché de la Tamise en 1888. Son suicide possible a été relié à un sentiment de culpabilité à l’égard des meurtres. Mais le charmant M. Druitt, qui présentait une ressemblance frappante avec le prince Albert Victor (un autre suspect), avait un penchant pour les jeunes garçons, et certainement pas pour les femmes de Whitechapel. Il existe peu de preuves pour l’incriminer.

Portrait of Severin Klosowski

Severin Klosowski

Né en Pologne en 1865, Severin Klosowski (aussi George Chapman) est arrivé en Angleterre en tant que chirurgien. Il a été trouvé coupable d’avoir tué au moins trois femmes avec qui il entretenait des relations amoureuses. Il a travaillé comme barbier dans le quartier Whitechapel et constitue le seul suspect capable de commettre des meurtres en série. Un dossier assez incriminant.

Portrait of Prince Albert Victor

Prince Albert Victor

Né en 1864 d’Édouard, prince de Galles, et de la princesse Alexandra, « Eddy » aurait été atteint de syphilis et serait devenu fou. En 1970, le docteur Thomas Stowell a écrit un article qui causa bien des remous : il avançait l’hypothèse selon laquelle la famille royale savait que l’Éventreur était le prince Albert, mais camouflait les faits. Cependant, le prince Albert Victor n’était pas à Londres au moment où la plupart des meurtres ont été commis.

Et Cetera

Jack the Ripper A to Z par Paul Begg, Martin Fido, et  Keith Skinner. Headline Book Publishing, Londres, 1994.

Doctor Thomas Neill Cream (Mystery at McGill) par David Fennario. Talonbooks, Vancouver, 1993.

A Prescription For Murder: The Victorian Serial Killings of Dr. Thomas Neill Cream par Angus McLaren. The University of Chicago Press, Chicago, 1993.

Jill Foran est un auteur et éditeur établi à Calgary.

Cet article est paru dans le numéro août-septembre 2006 du magazine The Beaver.

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