Témoigner son respect par la compréhension et l’action (RéconciliAction)

Cette série de leçons invite les élèves à se pencher sur les perspectives multiples associées à un événement historique donné et à réfléchir ensemble à ce que cela signifie d’être un allié.

Créé par Meredith Rusk

Mis en ligne le 15 septembre 2020

Niveau : 7e à 9e

Matière Études sociales / Histoire

Aperçu de la leçon

Cette série de leçons invite les élèves à se pencher sur les perspectives multiples associées à un événement historique donné et à réfléchir ensemble à ce que cela signifie d’être un allié. En cherchant à comprendre l’histoire du système des pensionnats autochtones et les perspectives et points de vue autochtones, les élèves commenceront à prendre part à des activités qui les guident vers la réconciliACTION.

Temps requis 

Trois leçons d’une heure. Les leçons 1 et 2 peuvent être réalisées avant l’événement virtuel Chaque enfant compte. La leçon 3 peut se tenir après l’événement.

Concepts de la pensée historique

  • Établir la pertinence historique
  • Analyser les causes et les conséquences
  • Adopter une perspective historique

Résultats pédagogiques

Les élèves seront en mesure :  

  • de décrire l’histoire des pensionnats autochtones en créant une échelle chronologique
  • d’expliquer les conséquences des gestes colonialistes sur les peuples autochtones
  • de faire enquête sur des événements de l’histoire canadienne et d’analyser différents points de vue
  • de réfléchir à ce que cela signifie d’être un allié
  • d’élaborer un plan d’action vers la réconciliation.

Contexte

Les pensionnats étaient plus que des lieux d’éducation pour les enfants autochtones. Ils ont joué un rôle important dans la colonisation des territoires et des peuples autochtones et ont laissé un sillage d’abus qui est la source de nombreux traumatismes. Ces écoles n’étaient pas les seuls moyens d’assimiler et de coloniser les peuples autochtones. De nombreux événements de l’histoire témoignent du racisme et du colonialisme systémiques dont sont victimes les peuples autochtones, un problème encore bien présent aujourd’hui.

Afin d’aller de l’avant, ensemble, les élèves doivent comprendre que les peuples autochtones et non autochtones ont différents points de vue sur certains événements historiques ou contemporains.

Par exemple, depuis les premiers contacts, le concept de territoire est vu différemment par les Autochtones et non‑Autochtones. Pendant des milliers d’années, les premiers peuples de ce qui forme aujourd’hui le Canada ont entretenu des liens complexes avec le territoire et tout ce qui s’y rapporte. Sandra Styres (2017, 2019) accorde une grande importance en territoire en marquant ce terme de la majuscule (« T »). Elle décrit le Territoire comme étant plus qu’un lieu, mais comme un être vivant qui englobe les philosophies, principes et façons de vivre des peuples autochtones. Ces derniers, qui sont en relation avec le Territoire, en sont les gardiens afin que ses dons puissent bénéficier aux générations futures. Elmer Ghostkeeper (1995) a décrit la façon dont les peuples autochtones vivent « avec » le territoire plutôt que « sur » le territoire. Les nouveaux arrivants européens voyaient le territoire comme une façon de s’enrichir avec ses ressources – du poisson à la forêt en passant par les fourrures.

Il faut définir le concept d’alliance avec soin. Les alliés de la réconciliation doivent comprendre que pour témoigner du respect, ils doivent placer la position des Autochtones à l’avant-plan. Il importe que les alliés collaborent avec les peuples autochtones et prennent le temps de comprendre leur culture et leurs systèmes de connaissances le plus possible. À certains moments, les peuples autochtones devront prendre des mesures concrètes à leur façon et seuls, pendant que les alliés se contenteront de les observer et de les soutenir. Les enseignants et les apprenants feront sans doute des erreurs, mais tous apprendront à aller de l’avant et à témoigner du respect à chaque étape. Il est important d’agir si nous voulons avancer vers la réconciliation.

Activité de la leçon

Partie 1 : Échelle chronologique des pensionnats autochtones

Demandez aux élèves de créer une échelle chronologique des pensionnats en choisissant l’une des activités suivantes :

Invitez les élèves à discuter des expériences vécues dans le cadre de ce travail.

Exemples de questions :

  • Quel événement, quelle date vous a le plus marqué? Pourquoi cet aspect vous a-t-il surpris?
  • En quoi l’étude de l’échelle chronologique des pensionnats vous a-t-elle aidé à comprendre et à « décortiquer » les attitudes racistes?
  • Comment cette échelle chronologique pourrait-elle se poursuivre dans les années à venir? Combien de temps faudra-t-il, selon vous, pour atteindre un point sur l’échelle où les conséquences de ces événements seront résolues? Que faudra-t-il pour les résoudre?

Partie 2 : Le regard à deux yeux : Adopter deux perspectives sur les événements de l’histoire

Discutez avec les élèves de ce que l’on entend par « perspectives et points de vue différents ». Vous devriez également introduire le concept de perspective historique, qui est une façon de voir le passé par le prisme social, intellectuel et émotionnel du temps.

Vous pouvez lire Canard! Lapin! ou montrer l’illustration en couverture de cet ouvrage. Demandez aux élèves s’ils voient un canard ou un lapin. Expliquez aux élèves qu’il s’agit d’un bon exemple pour montrer que les gens peuvent avoir des perspectives et des interprétations différentes.

Attribuez un événement historique du document 2 à chaque élève ou à de petits groupes d’élèves. Accordez-leur suffisamment de temps pour étudier cet événement et dégager les perspectives que pourraient avoir eues les Autochtones et non-Autochtones à l’époque. Ils peuvent prendre des notes sur le document 3. Ensuite, discutez des résultats de leurs réflexions ensemble. Rappelez aux élèves d’accorder une attention particulière aux perspectives liées au territoire.

Questions possibles :

  • En quoi cet événement a-t-il été significatif pour chaque groupe?
  • Cet événement a-t-il bénéficié à un groupe plus qu’à un autre?
  • Quelles ont été les répercussions à plus long terme de cet événement sur les Autochtones et non‑Autochtones?

Version enrichie : Demandez aux élèves d’effectuer une recherche sur un sujet historique ou contemporain et de présenter plusieurs perspectives sur ce même sujet. Les élèves devront dresser la liste des ressources utilisées pour mieux comprendre et mettre en lumière ces différents points de vue. Ils devront également formuler des questions efficaces pour les aider à réfléchir à ces différents points de vue.

Quelques exemples :

  • La découverte du pétrole (Ontario, 1857; Alberta, 1914)
  • La Ruée vers l’or
  • Les femmes d’origine britannique obtiennent le droit de voter en 1918
  • Les célébrations du 150e anniversaire du Canada en 2017
  • Le conflit impliquant le pipeline de Coastal GasLink et les Wet'suwet'en (2018 à aujourd’hui)

Notes générales :

Au moment d’utiliser les documents sources (sites Web, articles, etc.), rappelez aux élèves de tenir compte du point de vue des personnes qui ont créé ces documents.

Chaque section présente un événement dans l’histoire du Canada pour lequel les élèves doivent dégager le point de vue des Autochtones et des non-Autochtones. Même si des gens de cultures différentes peuvent partager le même point de vue, pour cette activité, les élèves devront mettre en opposition le point de vue des Autochtones et des Européens sur le territoire. L’exercice ne vise pas à les pousser à prendre parti ou à formuler un jugement, mais plutôt à cerner ces différentes perspectives (ils pourront formuler un jugement éthique lors de la discussion qui suit l’activité).

Questions d’enquête :

  • En quoi la vision qu’entretiennent les Autochtones et les non-Autochtones du territoire diffère‑t‑elle, d’hier à aujourd’hui?
  • Comment certains événements historiques locaux ont-ils bénéficié aux colons européens tout en nuisant aux territoires, communautés et peuples autochtones?
  • Demandez aux élèves de lire la définition d’un génocide. Demandez aux élèves dans quelle mesure les pensionnats autochtones ont constitué une forme de génocide?  

Comment le mouvement RéconciliAction peut-il nous rapprocher, en tant que collectivité ou nation, d’une plus grande justice sociale et d’un changement au sein de la société canadienne?

Partie 3 : Qu’est-ce qu’un allié et comment agir dans le sens de la RéconciliAction?

Après avoir participé à l’événement virtuel Chaque enfant compte, demandez aux élèves de lire les appels à l’action de la CVR pour l’éducation.

Demandez aux élèves de réfléchir à ce que pourrait vouloir dire la réconciliation pour eux, individuellement, pour leur classe, pour leur école ou pour leur collectivité. Vous pouvez utiliser le document 4 et leur demander d’inscrire des mots, des phrases ou de dessiner de petits symboles ou images. Vous pouvez également noter leurs réflexions dans un grand cercle dessiné au tableau ou sur une feuille de tableau-papier.

Présentez le terme RéconciliAction en précisant qu’il désigne un passage  à l’action vers la réconciliation et demandez aux élèves de réfléchir à la façon de transformer les idées du cercle en gestes concrets. Il ne s’agit pas de monter un grand projet, les élèves peuvent tout simplement découper des cœurs contenant des messages d’espoir que l’on affichera dans la classe ou à l’école, ou créer une vidéo à présenter aux autres. Leurs idées ou leurs projets pourront figurer au bas du document 4.

Vous pouvez également consulter projectofheart.ca pour trouver des idées d’actions menées par des élèves du Canada pour faire avancer le principe de réconciliation.

Activités enrichies

Activité artistique – Les élèves créent une affiche sur les perspectives historiques ou sur leurs idées de RéconciliAction.

Apprentissage du français – Les élèves composent un poème sur les pensionnats ou la réconciliation.

Ressources additionnelles

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Meredith Rusk est une Dénée Echo de la Première Nation de Fort Nelson. Elle travaille actuellement en territoire Secwèpemc pour le disctrict scolaire North Okanagan-Shuswap en tant qu’enseignante-accompagnatrice responsable des ressources autochtones. Elle a consacré la majeure partie de ses trente‑deux années d’enseignement aux communautés et programmes autochtones. Elle détient une maîtrise en éducation de l’Université Simon Fraser et vise actuellement un doctorat en philosophie des études interdisciplinaires à l’Université de la Colombie-Britannique, à Kelowna. Elle anime également un atelier pour la Fédération des enseignantes et enseignants de la Colombie-Britannique.

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