Alys Robi

Les deux vies de la première vedette internationale de la chanson au Canada français.

Écrit par Nelle Oosterom

Mis en ligne le 15 février 2024

Elle a été comparée à Céline Dion, Shirley Temple, Carmen Miranda et même Britney Spears.

Mais Alys Robi, première chanteuse québécoise de renommée mondiale, était vraiment unique en son genre.

Née il y a cent ans sous le nom d'Alice Robitaille, elle connaît des débuts modestes dans la basse‑ville ouvrière de Québec. Enfant prodige, elle monte sur les planches pour la première fois à l'âge de quatre ans. À treize ans, elle rejoint une troupe de chant et de danse de Montréal. Anticipant une carrière internationale, elle change de nom : « Appelez-moi Alys Robi, parce que je veux faire le tour du monde et qu’il sera plus facile pour les peuples d’autres nationalités de prononcer mon nom », dit‑elle.

En 1942, Robi est découverte par un producteur de la CBC qui commence à diffuser ses chansons à la radio anglaise. Elle accède rapidement à la célébrité grâce à des chansons comme « Tico Tico », une chanson brésilienne en portugais que Robi chante en français. Elle fait des tournées en Amérique du Nord, en Europe, au Mexique et en Amérique du Sud. Puis, en 1948, Hollywood frappe à sa porte en lui proposant de jouer dans une comédie musicale.

À l'âge de vingt‑cinq ans, Alys Robi tient le monde au creux de sa main…. mais son univers est sur le point de s’écrouler. Elle fait un accident avec sa Cadillac décapotable en Californie et subit une commotion cérébrale. L'accident ainsi que d'autres traumatismes mènent à une dépression. Elle est internée dans un hôpital psychiatrique au Québec, où elle restera cinq ans. La carrière de Robi, telle qu'elle la connaissait, est terminée.

À l'hôpital Saint‑Michel‑Archange, Robi subit une lobotomie. Dans son autobiographie Un long cri dans la nuit, Robi écrit : « Je me suis réveillée guérie et j'ai compris plus tard que j'avais été l'un des rares cas de lobotomie réussie ».

À sa sortie de l'hôpital, Robi s’efforce de revenir sur le devant de la scène, mais elle est stigmatisée en raison de sa maladie. Sa situation s’améliore progressivement dans les années 1970, lorsqu'elle fait un retour en force dans la communauté gay.

Octogénaire, Robi aime encore chanter sur scène et fait l'objet d'un film biographique en 2004 intitulé « Ma vie en cinémascope ». En plus de chanter, Robi aidait d'autres patients post‑psychiatriques, ce qui lui a valu d'être nommée membre de l'Ordre de Saint‑Jean (Ordre de Malte) en 1985. Alys Robi est décédée en 2011 à l'âge de 88 ans.

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Cet article est paru dans le numéro August-September 2023 du magazine Canada’s History.

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