Splendeurs et misères du corset

Le corset a connu plus de renaissances dans l’histoire de la mode que les Maple Leafs de Toronto dans l’histoire de la LNH.

par Jessica Knapp

Mis en ligne le 13 janvier 2015

Le corset est devenu populaire pour la première fois en Europe au 16e siècle. Originaire d’Italie, ce sous-vêtement à la mode s’est rapidement répandu en France. Ces corsets servaient davantage à aplatir la poitrine qu’à affiner la taille. Le vertugadin (une jupe à cerceaux rigide) suffisait déjà à faire paraître la taille d’une femme plus fine.

Dans les années 1550, la mode du corset a fait son chemin jusqu’en Grande-Bretagne, où le vêtement a été amélioré. Les corsetiers britanniques utilisaient des os de baleine et du bois cousus dans une enveloppe sur le corset pour lui donner une forme rigide.

La popularité du corset connut un court déclin au 17e siècle, lorsque la mode devint plus simple. L’introduction de la taille empire au 18e siècle mettait moins l’accent sur la taille naturelle, reléguant les corsets au second plan.

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Après cette pause, le corset connaîtra un regain de popularité à l’époque victorienne (1837 à 1901). Sous le règne de la reine Victoria, l’acier a commencé à remplacer les os de baleine et des agrafes ont été ajoutées à l’avant, ainsi que des œillets à l’arrière. Le design du corset était en pleine évolution. La facilité d’habillage et le coût ont été des facteurs déterminants pour les nombreuses femmes de toutes les classes sociales qui portaient le corset.

Mettre en valeur la poitrine et la taille n’était plus une raison suffisante pour porter un corset. Les femmes victoriennes le portaient pour soutenir le dos et améliorer la posture. Les bienfaits du corset pour la santé sont rapidement devenus un argument de vente.

L’attrait du corset finit par gagner le Canada. Les Canadiennes portaient des corsets pour diverses raisons, mais essentiellement pour rendre la taille plus fine. Il ne fallut pas attendre bien longtemps avant que l’on repense le corset. Le corset en S est apparu à l’époque édouardienne (1901 à 1914); il affinait la taille des femmes en aplatissant l’abdomen, ce qui cambrait leur dos et projetait leur poitrine vers l’avant. Ce style, associé à des manches amples et à une jupe en forme de cloche, permettait aux femmes d’obtenir cette silhouette en S tant recherchée.

Les femmes de la classe supérieure importaient leurs corsets faits main de France ou d’Angleterre, mais dans les années 1880, toutes les femmes pouvaient acheter un corset fabriqué à la machine auprès d’entreprises qui s’étaient implantées au Canada.

La Crompton Corset Company a été constituée en 1880 à Toronto. Elle employait plus de 350 travailleurs, principalement des femmes, et produisait environ 8 400 corsets par semaine. En 1886, Dominion Corset a été fondée à Québec et, en 1911, elle produisait près de 5 500 corsets par jour.

Crompton et Dominion se sont disputé le titre de plus grand fabricant de corsets au Canada jusqu’en 1901, date à laquelle Eaton a également commencé à vendre des corsets.

Les corsets sont restés un élément essentiel de la mode féminine canadienne jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Si les femmes de la classe supérieure pouvaient continuer à suivre la mode, beaucoup d’autres ont troqué le corset contre la gaine. Fabriquée à partir de tissus élastiques, la gaine était moins contraignante et plus confortable, tout en donnant aux femmes l’apparence d’un ventre plat.

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