L’expérience historique des Juifs du Québec

Dans cet article, Pierre Anctil retrace l'histoire de l'immigration juive et montre ses apports dans la société québécoise depuis près de quatre siècles.

Écrit par Pierre Anctil

Mis en ligne le 8 janvier 2024

L’histoire québécoise, comme celle de toutes les sociétés à travers le monde, est marquée par la diversité culturelle et la multiplicité des origines. Cette complexité des parcours et des discours se retrouve sous de multiples formes et à différentes époques. Elle est visible notamment à travers le filtre de la présence autochtone, au moment de l’arrivée des Anglo-Britanniques et quand différentes vagues migratoires en provenance de toutes les régions de la planète atteignent notre pays.

En enseignant l’histoire plurielle du Québec, on révèle aux jeunes l’origine des nombreuses identités qui sont présentes sur notre territoire et les ramifications culturelles multiples du devenir québécois. C’est une manière convaincante d’inculquer un sens de l’ouverture à l’autre et à la pluralité des destins. Une population retient particulièrement l’attention dans ce texte, soit celle des personnes juives, présentes dans notre société depuis près de quatre siècles et qui ont contribué de manière fort originale à l’émergence du Québec moderne.

Pionniers et précurseurs

En 1608, au moment où Champlain fonde son établissement au pied du cap Diamant, la population juive est d’une ampleur très limitée en France. Cette année-là, il n’y a que quelques centaines de personnes juives à Paris dont la présence est tolérée seulement grâce à l’émission de permis temporaires. On trouve aussi en France près de 1500 Juifs qui résident à Bordeaux et à Bayonne et qui sont des descendants des Séfarades chassés d’Espagne un siècle plus tôt.

Non seulement la France ne possède qu’une masse démographique juive très limitée, mais le cardinal Richelieu décide d’exclure expressément les non-catholiques du peuplement de la Nouvelle-France, dont les Juifs. Cela se produit en 1627, au moment de la fondation de la Compagnie des Cents associés. Jusqu’à la fin du régime français, aucun Juif ne pourra officiellement faire souche dans la vallée du Saint-Laurent et aucun lieu de culte ou de sépulture judaïque ne sera toléré en Nouvelle-France.

Parce que rien n’est jamais si simple en ce qui concerne l’identité juive, l’on peut tout de même faire l’hypothèse que des individus formellement convertis, ou ne déclarant pas leurs origines, ont tout de même pu s’établir à Québec ou à Montréal avant 1759. Ces suppositions sont confirmées par le fait qu’une jeune femme répondant au nom d’Esther Brandeau débarque dans le port de Québec en 1738 et est bientôt formellement identifiée comme étant juive de tradition. Mais l’intendant Hocquart la renvoie en France l’année suivante, après avoir tenté en vain de la convertir.

De fait, il faut attendre la Conquête anglaise — et un climat de libéralisme plus avancé — pour qu’un petit nombre de Juifs britanniques s’établissent pour la première fois au Canada. Beaucoup sont des descendants des Séfarades établis à Amsterdam et à Londres après l’expulsion espagnole de 1492. Ils ont l’anglais comme langue maternelle et participent à des réseaux commerciaux associés à l’Empire britannique. L’un d’entre eux, qui était probablement allemand d’origine et ashkénaze de tradition, s’installe à Trois-Rivières vers 1761 : il s’appelle Aaron Hart.

Du fait de son attachement à la tradition religieuse juive orthodoxe, dans laquelle ses enfants seront éduqués, il sera considéré par les Juifs eux-mêmes comme le fondateur du judaïsme canadien. Comme ses coreligionnaires nouvellement établis à Montréal, Québec, Berthier et Saint-Denis, Hart est un marchand qui sert d’intermédiaire entre les populations locales et les grandes maisons commerciales de Londres, New York et Boston. Il pratique un judaïsme orthodoxe, lance de petites entreprises industrielles, acquiert des propriétés foncières et s’intègre plutôt bien à sa société d’accueil. En 1807, un de ses fils, Ezekiel, est élu à l’Assemblée législative du Bas-Canada.

Or, quand Ezekiel Hart vient l’année suivante à Québec réclamer son siège à la chambre basse du parlement, on l’empêche de prêter serment parce qu’il est juif d’origine et présumément favorable au parti anglais. La même chose se reproduit en 1809 lors d’une autre élection, suivie cette fois d’une résolution formelle de l’Assemblée indiquant que les Juifs — et donc Ezekiel Hart — ne sont pas aptes à siéger du fait de leur origine. Voulant lever le seul interdit qui se pose encore devant eux, c’est-à-dire le droit d’éligibilité, les Juifs canadiens réclament alors les pleins droits civils et politiques. Ils arrivent finalement à leurs fins en 1832, quand la même assemblée, soutenue par le parti patriote de Louis-Joseph Papineau, vote une loi libératrice.

C’est 25 ans avant Londres, mais 40 ans après l’émancipation juive proclamée en 1791 par l’Assemblée nationale de Paris. Selon le recensement de 1831, la mesure affecte 107 personnes dans tout le Bas-Canada et 85 à Montréal. Nous sommes toujours au début de l’histoire juive du Québec.

Pendant près d’un siècle et demi, soit de la conquête anglaise jusqu’au tournant du XXe siècle, le judaïsme québécois suit un cours tranquille, qui est celui d’une population qui croît lentement et ne se distingue pas vraiment de la masse des habitants du pays. La plupart des Juifs s’associent à la classe marchande anglophone, dont ils partagent les intérêts, et peu d’hostilité s’exerce contre eux de manière explicite. À partir du milieu du XIXe siècle, un changement de rythme est toutefois perceptible dans l’évolution du judaïsme montréalais.

Ce renversement se fait sentir par l’arrivée de plus en plus soutenue au Canada d’immigrants en provenance de l’Europe centrale et orientale. En 20 ans, soit de 1851 à 1871, la population juive de Montréal double pour atteindre le chiffre de 400 ; elle se multiplie à nouveau par deux au cours de la décennie qui prend fin en 1881. En 1891 elle en compte 2500, puis 7000 en 1901. Elle est composée d’immigrants pour la plupart sans ressources sur le plan matériel et très peu adaptés au contexte canadien. Ils proviennent aussi de régions où la marginalisation économique des Juifs est ancrée depuis longtemps dans les mœurs et où règne une forte discrimination politique antisémite.

La grande vague migratoire est-européenne

La croissance numérique du groupe est-européen est si foudroyante au Canada que, en quelques années, ils en viennent à dominer complètement la judéité montréalaise. Chaque année à partir de 1904, 10 000 Juifs en moyenne en provenance de Russie, de Pologne et de la Roumanie sont admis au Canada. La moitié de ces populations juives nouvellement arrivées élisent domicile dans les quartiers du bas de la ville de Montréal. Le rythme de poussée est si intense qu’en 1931 le chiffre de la population juive atteint 60 000 dans la ville et 150 000 pour l’ensemble du Canada.

C’est le taux de progression démographique le plus élevé de toute l’histoire juive canadienne. En moins de 20 ans, le contexte s’est transformé de fond en comble. Le revirement survient de plus à la faveur d’une double conjoncture qu’il nous faut maintenant examiner pour bien saisir le sens et les conséquences de la grande migration de 1904-1914. À partir de 1896, à la suite de l’élection de Wilfrid Laurier, le Canada met en place une politique migratoire destinée à peupler les régions du pays jugées inoccupées, essentiellement l’Ouest canadien.

Pour la première fois, les progrès de la navigation transatlantique, la construction d’un chemin de fer transcontinental canadien et l’ouverture de nouvelles provinces rendent possibles des déplacements massifs de population depuis l’Europe jusqu’en Amérique. Entre 1905 et 1915, près de deux-millions de nouveaux citoyens sont admis au Canada et le pourcentage d’immigrants au sein de la population canadienne grimpe à plus de 20 % du total.

Or, il arrive de manière fortuite que ces évènements coïncident historiquement avec l’insurrection russe de 1905, soit un soulèvement spontané de toutes les classes contre l’autocratie, incluant une grande partie des Juifs de l’empire opprimés par le régime tsariste. Lorsque l’autorité du tsar est rétablie au bout de quelques mois, une répression violente s’abat sur les Juifs est-européens et un million d’entre eux prennent en quelques années le chemin de l’exil. Les énergies libérées par cette migration exceptionnelle et les arrivées intenses de personnes immigrantes inaugurent une nouvelle étape dans le développement du judaïsme canadien.

En fait, à la lumière de cette conjoncture, il n’est pas exagéré d’affirmer que l’insurrection russe de 1905 constitue l’acte de naissance de la communauté juive montréalaise telle que nous la connaissons aujourd’hui. Pendant un demi-siècle, soit jusqu’à l’admission vers 1960 des premiers séfarades marocains, les arrivants de la grande migration russe vont dominer par leur nombre tout le judaïsme montréalais.

Entre deux conflits mondiaux

Le mouvement d’immigration très intense du début du XXe siècle prend fin en 1914 avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le flux ne reprend qu’à la signature de l’armistice, à la fin de 1918, mais il n’a plus la même force que quelques années auparavant. En moyenne, 4000 Juifs yiddishophones entrent chaque année au pays jusqu’en 1930, au lieu des 10 000 d’avant les hostilités. Puis la grande dépression met fin presque complètement aux admissions.

À partir de cette date, et pendant presque 20 ans — soit jusqu’à l’arrivée des survivants de l’Holocauste après 1948 —, le Montréal juif ne peut plus compter que sur lui-même pour se développer et prospérer. Au cours des années 20 et 30, deux domaines d’activité économique s’ouvrent à la population juive nouvellement installée à Montréal. Un grand nombre d’yiddishophones entrent dans l’industrie de la confection comme travailleurs spécialisés. Le militantisme, le radicalisme politique et un haut degré d’organisation — souvent inspirés de la situation en Russie — caractérisent ce milieu dont l’influence se fait sentir partout au sein de la population juive de Montréal.

Au même moment, un autre bloc au sein de la population juive s’investit dans le petit commerce et offre ses services à l’ensemble de la population de Montréal, notamment aux Canadiens français qui recherchent souvent de la marchandise bon marché et des conditions de paiement avantageuses. Les années 30 représentent aussi un âge d’or pour la culture yiddish, qui fleurit avec force sur les pentes du mont Royal et donne naissance à une littérature et à des courants artistiques d’une grande intensité.

Montréal devient, après New York, une des villes sur le continent où se manifeste avec le plus d’éclat l’élan créateur de la diaspora juive est-européenne. Des poètes yiddish, des cercles intellectuels et une école artistique hautement originale émergent dans la ville, inspirés à la fois des courants est-européens et de la vie montréalaise. La période de la grande dépression représente aussi un sommet en ce qui a trait à l’expression de l’antisémitisme au Canada français, et en particulier à Montréal.

La paupérisation accélérée que subissent les couches populaires et la diffusion des notions raciales promues par l’Allemagne hitlérienne ouvrent la porte à des courants de pensée fortement hostiles aux Juifs, dont celui représenté par Adrien Arcand. Le Québec francophone entre dans une phase d’isolement prononcé et plusieurs porte-paroles jugent que les Juifs représentent une forme de concurrence malsaine au petit commerce canadien-français. Des campagnes visant à s’opposer à l’immigration prennent forme; elles ciblent les Juifs allemands persécutés par Hitler. Une fois les hostilités militaires déclarées, à l’automne 1939, s’évanouit aussitôt tout espoir de la part des Juifs canadiens d’ouvrir les portes du pays à leurs coreligionnaires européens.

En quelques mois, la très grande majorité des populations juives de l’ancien continent tombe entre les mains des nazis. Les aléas de la guerre, des difficultés insurmontables sur le plan logistique et le secret entourant les massacres déjà en cours — en plus d’une indifférence face aux souffrances juives — empêchent les Alliés de voler au secours des populations juives déjà ciblées par les nazis. En janvier 1945, quand les armées russes libèrent le camp d’Auschwitz, six-millions de Juifs européens de toutes nationalités ont péri dans l’univers concentrationnaire nazi.

Porteurs d’une nouvelle identité juive

Au recensement de 1951, les statistiques indiquent pour la première fois que la majorité des Juifs montréalais sont nés au Canada. Cela signifie que les efforts d’adaptation consentis depuis le début du siècle commencent à porter fruit. À partir de cette décennie, l’anglais devient la langue maternelle de la plupart des tenants du judaïsme au Québec et le yiddish disparait rapidement du devant de la scène. Qui plus est, après la guerre, les barrières sociales et économiques qui entravaient encore la mobilité des Juifs s’estompent graduellement.

Au Canada français, le déclin précipité de l’influence de l’Église prépare la voie à de nouvelles perceptions plus inclusives, bientôt renforcées par le Concile du Vatican et la publication en 1965 de l’encyclique Nostra Aetate, qui fait la promotion de l’œcuménisme. Le changement est particulièrement abrupt au Québec, où un nouveau profil identitaire émerge au sein de la population francophone, qui place la langue au centre des préoccupations collectives et relègue la foi à l’arrière-plan. Les Juifs ne sont plus perçus avant tout comme les tenants d’une religion en rupture avec le christianisme, mais comme une minorité culturelle qu’il est possible d’aborder dans un esprit d’ouverture.

L’antisémitisme, parfois virulent avant la guerre, s’estompe et se voit graduellement remplacé par une volonté de part et d’autre de rapprochement. Au début des années 50, le Congrès juif canadien lance le Cercle juif de langue française, un organisme qui va tenter pendant une trentaine d’années, sous la direction de Naïm Kattan, de réunir à Montréal des représentants des élites culturelles juives et francophones. L’initiative ouvre des perspectives radicalement nouvelles, qui permettent enfin aux populations juives d’espérer trouver une place au sein de la société de langue française telle qu’elle émerge après la guerre.

Les avancées en éducation, la modernisation des structures institutionnelles, l’apparition de l’État québécois et l’émergence d’une nouvelle classe entrepreneuriale laissent en effet croire aux élites juives que le Canada français s’apprête à redéfinir ses paramètres identitaires. C’est une brèche dans laquelle s’engouffre le leadeurship communautaire pour enfin tenter d’entrer en contact avec la société francophone, restée jusque-là à peu près universellement hostile ou indifférente aux immigrants allophones et aux Juifs en particulier.

Les progrès les plus foudroyants de la population juive au cours de l’après-guerre se trouvent toutefois du côté de sa base économique. La disparition progressive des cloisonnements confessionnels, des barrières linguistiques et de l’unanimisme culturel ouvre la voie à une mobilité professionnelle accélérée, qu’élargit encore la prospérité générale qui suit l’armistice de 1945. Montréal connait une période de croissance exceptionnelle dont vont profiter à divers titres toutes les minorités culturelles et religieuses déjà installées dans la ville.

Les Juifs, qui avaient beaucoup misé sur la qualité de l’éducation, voient les portes des universités et des marchés francophones s’ouvrir à eux. Il en va de même des professions libérales plus lucratives qui acceptent finalement de recevoir en leur sein des candidats issus de la grande vague migratoire juive du début du siècle. C’est un renversement complet de perspectives en un temps très court sur le plan historique.

Survivants de l’Holocauste et des Séfarades

Après la guerre, l’immigration juive en provenance d’Europe de l’Est reprend. Elle atteint en 1948 un sommet de 9000 personnes pour l’ensemble du Canada. Entre la fin des années 40 jusqu’au début des années 60, la moyenne des entrées se situe autour de 4000 personnes, ce qui est beaucoup plus bas qu’au cours de la période qui précède la Première Guerre mondiale. C’est la troisième vague migratoire en provenance d’Europe orientale — et aussi la dernière —, surtout composée de survivants de la Shoah et de personnes qui ont échappé d’une manière ou d’une autre aux massacres.

Ces individus grossissent les rangs d’une communauté déjà bien en place et qui possède un vaste réseau d’institutions caritatives et éducatives. En 1951, on compte 80 000 personnes d’origine juive dans la région métropolitaine de Montréal, 102 000 en 1961. Le sommet est atteint en 1971 avec 112 000 Juifs dans l’agglomération montréalaise.

Pendant que les Juifs ashkénazes est-européens complètent leur intégration à la société québécoise et atteignent un niveau socioéconomique enviable, un nouveau mouvement de population juive se présente aux portes du pays, porteur de réalités culturelles et historiques radicalement différentes. En 1956, le Maroc obtient son indépendance et en quelques années, la très grande majorité des Juifs, au nombre de 250 000, quittent leur pays pour Israël, la France et l’Espagne.

Au sein de cette population, un petit groupe se dirige vers Montréal, soit près de 7000 personnes. Il s’agit du plus important flux migratoire juif à s’établir au Québec au moment de la Révolution tranquille. Entre 1957 et 1972, 82 % des immigrants d’Afrique du Nord qui entrent au Canada proviennent du Maroc, toutes origines religieuses confondues. Par ailleurs, au cours de la même période, soit plus précisément de 1958 à 1966, 86 % des Marocains qui sont admis comme résidents permanents au pays sont de confession juive.

Les Juifs marocains se distinguent des Ashkénazes en ce qu’ils sont les héritiers du grand courant historique juif implanté dans la péninsule ibérique au début du Moyen-Âge, réduit à néant par l’expulsion de 1492. Ces derniers ont par ailleurs adopté dès le début du XXe siècle le français comme langue d’usage, surtout dans les grandes villes de la côte où ils occupent une situation intermédiaire entre les colonisateurs européens et les masses de culture arabo-musulmane.

Quand ces Juifs commencent à arriver à Montréal, vers 1960, ils optent pour une identité judaïque séfarade nettement affirmée. Les Marocains se bâtissent ainsi une place à part dans la structure communautaire érigée 50 ans plus tôt. Ils inaugurent ainsi une tendance qui ira s’affirmant après les années 60, à savoir une fragmentation croissante des différentes origines juives à Montréal et l’émergence de sous-communautés plus ou moins autonomes.

Au cours de l’après-guerre, les communautés juives de Montréal laissent derrière elles le quartier immigrant des années 30 et entreprennent de reconstruire une toute nouvelle structure institutionnelle, d’abord dans le quartier Snowdon, près de l’autoroute Décarie, puis encore plus loin à l’ouest, dans l’axe du boulevard Cavendish. Synagogues, centres communautaires, institutions culturelles et commerces spécialisés se réinventent dans la banlieue éloignée de Montréal et occupent des quartiers entièrement neufs.

Ces déplacements géographiques sont rendus possibles par la mobilité socioéconomique généralisée qui affecte les populations juives de Montréal, et qui rend aussi possible une diversification très importante des services offerts par les grands organismes philanthropiques juifs. Aujourd’hui, il y a environ 90 000 Juifs dans la métropole ; ils sont établis surtout à l’ouest de l’autoroute Décarie et au sud de l’autoroute 40, qui traverse l’ile de part en part. On retrouve leur présence dans de nombreux domaines d’activité, tous liés intimement à l’avenir de notre société et où il est possible de préserver avantageusement l’identité juive québécoise.

Conclusion

La trame historique propre aux Juifs du Québec est riche en enseignements de toutes sortes et peut servir avantageusement en classe à approfondir les débats que traverse notre société autour d’enjeux comme l’immigration, la diversité religieuse et l’intégration des nouveaux venus. Quatre siècles d’histoire juive québécoise démontrent que des liens soutenus avec l’extérieur ont existé à différentes périodes, soit avec le Canada anglophone, soit avec différentes parties de l’Europe.

Des conjonctures historiques et des vagues migratoires ont ainsi suscité l’apparition à Montréal et ailleurs au Québec de populations nouvelles, qui n’ont pas tardé à contribuer à l’évolution sociale et économique de leur société d’accueil. Les phénomènes que l’on peut observer dans le cas des Juifs se reproduisent d’ailleurs aujourd’hui avec d’autres groupes d’origines différentes, dont les Arabo-musulmans, les Latino-Américains et les Africains, et continuent de marquer nos milieux de vie.

Dernier élément, le pluralisme interne très poussé de la communauté juive montréalaise, à toutes les époques, nous apprend qu’une identité culturelle n’est jamais univoque et fixe dans le temps et qu’il faut se méfier des étiquettes trop rigides.

Pierre Anctil est professeur à l'Université d’Ottawa.

Cet article est apparu à l'origine dans la revue Enjeux de l’univers social. La revue est publiée par l’Association québécoise pour l’enseignement en univers social (AQEUS).

L’association québécoise pour l’enseignement en univers social est une association qui regroupe au sein du même regroupement autant ceux qui enseignent en univers social (primaire), qu’en histoire, en géographie, en monde contemporain et en éducation financière (secondaire). Elle regroupe autant des enseignants que des conseillers pédagogiques, des enseignants du collégial, des didacticiens universitaires, des retraités et des étudiants universitaires. Elle répond ainsi au vœu d’un grand nombre d’enseignants de retrouver sous la même enseigne les disciplines et les programmes de l’univers social.


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