Traitement iconographique des gravures et peintures d’époque se rapportant aux « Troubles de 1837-1838 »

Dans cet article abondamment illustré, le didacticien de l'histoire Luc Guay aborde le traitement iconographique d’une douzaine de gravures et peintures associées à la période des « Troubles de 1837-1838. »
Écrit par Luc Guay Mis en ligne le 28 octobre 2025

L'enseignement de l’histoire s’effectue avec des documents d’époque de préférence étant donné qu’ils sont plus près des événements que nous devons analyser. Ces documents sont soit écrits, figurés, matériels, de traditions orales ou même, de nos jours, audiovisuels. Toutefois, il ne faut pas négliger les documents qui traitent de ces mêmes événements à des moments différents, soit en termes de décennies ou de siècles. Ces documents de premières ou de secondes mains ont toutefois deux handicaps : ils sont partiels parce que trop peu nombreux et présentent, quelques fois, des points de vue partiaux étant produits par des hommes et des femmes qui prônaient des points de vue différents à leur époque respective. C’est pourquoi ceux et celles qui travaillent sur des projets d’histoire doivent-ils analyser ces documents en les recoupant afin d’éviter d’être « contaminés » de points de vue partiaux. Nous aborderons le traitement iconographique d’une douzaine de gravures et peintures1 de la période des « Troubles de 1837-1838 »2 dans cet esprit ; illustrations qui ont été réalisées par des Britanniques, des Québécois francophones, des Canadiens anglophones et même par un Français.

1. Que nous apprennent ces illustrations sur les «  Troubles  » de 1837-1838 ?

La première illustration est une affiche publiée par le Gouverneur Gosford et date du 16 novembre 1837. Le Gouverneur Gosford, représentant de la reine Victoria dans sa colonie de la Province of Quebec, a émis un décret visant la capture de Louis-Joseph Papineau, député et Président de la Chambre d’Assemblée du Bas-Canada. Il est accusé de crime de Haute Trahison, et cela, selon l’avis du Conseil Exécutif de sa Majesté pour cette Province. Une récompense de mille Livres (4000 $) fut offerte à toute personne qui pourrait l’appréhender ou le dénoncer. À la lecture de cette affiche, un certain nombre de questions servent de déclencheurs à des recherches s’y rapportant :  

Pourquoi l’émission de ce mandat d’arrêt le 16 novembre 1837 ? Quel crime avait commis Louis-Joseph Papineau ? Pourquoi une si forte somme d’argent avait été offerte ? 

Cette proclamation survient le jour même où deux militants patriotes faisant partie des Fils de la Liberté devaient être incarcérés à la prison du Pied-du-Courant à Montréal, et qui ont été délivrés par leurs collègues Patriotes sur le chemin de Chambly. Cette opération a été qualifiée de trahison par la gouvernance britannique qui s’empressa de « décapiter » le mouvement patriote en inculpant non seulement Papineau, mais aussi, 25 autres chefs du parti qui étaient désormais qualifiés de traîtres. Il faut maintenant se poser la question suivante : quel crime avaient commis les deux Patriotes qui devaient être emmenés à la prison du Pied-du-Courant ? Les deux illustrations qui suivent nous donnent des indices.

La deuxième illustration montre l’affrontement entre deux groupes de citoyens : les membres du Doric Club, au fond, qui soutiennent le Gouverneur et les membres des Conseils Législatif et Exécutif, non élus et qui protègent les intérêts britanniques dans la Province of Quebec. À l’avant-plan, nous voyons les partisans du parti Patriote ainsi que des membres des Fils de la Liberté qui s’opposent au type de gouvernance du Gouverneur et de sa Clique du Château.   

Pourquoi les partisans du parti Patriote s’opposent-ils à la gouvernance du Gouverneur ? En 1834, le parti Patriote par la voix de son chef Louis-Joseph Papineau et de ses collègues ont voté 92 Résolutions visant, entre autres, à réduire les pouvoirs du Gouverneur (qui avait droit de véto sur les lois proposées par les députés élus par la population) et à rendre électif les conseils Législatif et Exécutif. C’est pourquoi il y a eu des manifestions pour et contre ce type de gouvernance proposée par les partisans du parti Patriote.   

Mais ces manifestations vont rapidement se transformer en affrontements armés comme le montre la troisième illustration. Au sortir d’une réunion tenue par les Fils de la Liberté à Montréal, le 6 novembre 1837, des membres du Doric Club ont assailli ces derniers en lançant des pierres et en les frappant avec des bâtons. Les policiers ne sont pas intervenus, les membres du Doric étant tolérés par l’administration Gosford.  Mais certains Fils de la Liberté ont osé répliquer à cette attaque et c’est à ce moment que les forces policières se sont engagées dans ces combats et ont procédé à l’arrestation de plusieurs Fils de la Liberté ; toutefois plusieurs ont réussi à s’enfuir, pourchassés tant par les membres du Doric Club que par les policiers. Que va-t-il se produire du fait que les forces de l’ordre et de la gouvernance vont appuyer le Doric Club dans sa tentative d’intimider les Fils de la Liberté ? Était-ce une tactique préméditée par la gouvernance britannique que de provoquer les partisans Patriotes ? Quels moyens avaient les Fils de la Liberté de se défendre contre ces agressions ? La suite des événements nous renseigne sur les actions subséquentes. 

Suite à ces affrontements avec le Doric Club, deux Fils de la Liberté ont été capturés sur le chemin de Chambly et devaient être emprisonnés à Montréal dix jours après les faits. C’est alors qu’intervinrent les partisans Patriotes qui les ont libérés lors d’une attaque-surprise. Ce « fait d’armes » est considéré comme le début de ce que l’administration Gosford considère comme une rébellion et que les partisans du parti Patriote considèrent comme un acte de légitime défense. Mais pourquoi tant de hargne ? 

Il faut remonter trois semaines plus tôt pour mieux comprendre ce qui a pu provoquer de telles manifestations, comme le montre la quatrième illustration

Nous y voyons Louis-Joseph Papineau s’adressant à une foule immense portant drapeaux français (bleu, blanc, rouge) et du parti Patriote (vert, blanc, rouge) ainsi que des affiches partisanes. Il est appuyé par plusieurs des chefs Patriotes dont Wolfred Nelson. Quels sont les propos de Papineau ? Pourquoi y a-t-il autant de personnes à cette assemblée populaire tenue dans un petit village du Richelieu ?  

En cherchant les informations se rapportant à cette assemblée des Six Comtés tenue à St-Charles les 23 et 24 octobre 1837, nous apprenons que Papineau, du haut de sa tribune, invite les personnes présentes, tant les hommes que les femmes et même des enfants, à manifester pour que les députés élus disposent de plus grands pouvoirs à la Chambre d’Assemblée, ce que leur refusent le Gouverneur et le Parlement de Londres.  Rappelons que ces revendications faisaient partie des 92 Résolutions rédigées en 1834 et qui avaient été rejetées par le Parlement de Londres après trois ans d’étude et d’analyse. Papineau, considéré comme un modéré chez les Patriotes, ne préconisait pas l’usage des armes pour faire accepter ces revendications, car il savait que les soldats britanniques étaient de beaucoup supérieurs en nombre aux miliciens « canadiens » qui ne disposaient pas d’armes à feu aussi performantes que celles des soldats britanniques, sans oublier qu’une armée bien entretenue comme l’était celle des Britanniques ne pouvai que vaincre celle des miliciens canadiens. Il préconisait aussi le boycottage des produits anglais et même la contrebande avec les États-Unis afin d’affecter les revenus mis à la disposition de la gouvernance britannique. Son collègue Wolfred Nelson préconisait, quant à lui, la révolte armée, appelant même les femmes à faire fondre leurs ustensiles pour en faire des balles qui se faisaient rares. Il y eut 18 de ces assemblées populaires entre mai et novembre 1837. Et ces réunions qui comptaient jusqu’à 5000 personnes, comme celle des Six Comtés à St-Charles, déplaisaient évidemment au gouverneur Gosford. C’est pourquoi, dès le 15 juin, il promulgua leur interdiction, et malgré cette interdiction, ces assemblées continuèrent d’être encore plus populaires. 

Et, comme le montre la cinquième illustration, cette interdiction de s’assembler attisa encore plus la colère des partisans patriotes. Nous y voyons des citoyens assemblés dans une rue de Montréal, certains portant des affiches contre l’autoritarisme du Gouverneur et certains ayant pendu en effigie le Gouverneur. La foule, on le sent bien, manifeste son mécontentement devant cette décision d’interdire les assemblées publiques qui étaient considérées comme des appels à la désobéissance civile. Comment vont se manifester ces appels à la désobéissance publique ? Quelle action prendra le gouverneur Gosford pour mater ce mouvement contestataire ? 

En fouillant les données se rapportant à ces manifestations, nous comprenons que l’administration militaire, sous la direction du général Colborne apprit que les « réfugiés patriotes » se « cachaient » au village de St-Denis, c’est pourquoi le Gouverneur Gosford y envoya-t-il ses troupes pour capturer les 26 chefs du parti Patriote qu’il considérait comme séditieux, et ce, depuis la libération des deux Fils de la Liberté sur le chemin de Chambly. Papineau et Nelson s’étaient en effet réfugiés au village de St-Denis-sur-Richelieu afin d’échapper aux mandats d’arrestation. Personne n’osa trahir les chefs du parti Patriote malgré les fortes sommes d’argent qui étaient offertes pour leur capture ! La somme pour la seule capture de Papineau s’élevait à 4000 $ soit dix fois le salaire annuel d’un artisan ! Aussi une troupe de 500 soldats fut-elle envoyée pour s’emparer des chefs Patriotes ce 23 novembre 1837, une semaine après la libération des deux Patriotes par leurs partisans.  

La sixième illustration nous renvoie au premier véritable affrontement armé entre les forces britanniques et les 300 miliciens Patriotes. L’artiste britannique a illustré de façon fantaisiste cet affrontement : savait-il que la moitié des miliciens patriotes ne disposaient pas de fusils et que ceux qui en possédaient étaient des fusils de chasse sensibles à l’humidité, et que la plupart ne possédaient pas de baïonnette pour affronter des soldats britanniques bien armés et aguerris aux stratégies de combat ! Savait-il que les militaires britanniques avaient marché de leur campement de Sorel jusqu’au village de St-Denis pendant la nuit, dans la boue et le froid en parcourant les 30 kilomètres qui séparent les deux villages ? Savait-il que les 300 miliciens patriotes n’auraient jamais affronté les soldats britanniques en bataille rangée se sachant inférieurs en nombre et en équipement militaire ! C’est comme si l’artiste britannique voulait souligner l’importance de l’organisation militaire des Patriotes, ce qui n’était pas le cas. Ces questions nous mènent à une autre : qui remporta cet affrontement ? Malgré toute attente, les Patriotes ont remporté cette première manche. Cette première victoire du côté des Patriotes ne sera pas sans lendemain comme nous le voyons sur ces septième et huitième illustrations.  

Dans la septième illustration, on voit les soldats britanniques disposés en différents endroits et faisant feu sur les cibles patriotes qui se cachent derrière des édifices en pierre et qui se déplacent afin de ne pas être tués par les tirs bien nourris des soldats britanniques.  Le feu fait rage des deux côtés. Les Britanniques disposent de canons.  Le titre de cette illustration indique que l’événement s’est produit le 25 novembre au village de St-Charles, soit deux jours après l’affrontement de St-Denis, situé à une dizaine de kilomètres. Les Patriotes s’attendaient à une riposte, mais ne savaient pas quand et où elle se tiendrait. Les questions que nous pourrions nous poser porteraient sur les stratégies employées par les deux camps : pourquoi les troupes britanniques bombardent-elles les édifices ? Pourquoi les miliciens patriotes courent-ils d’un endroit à l’autre ? Quel était l’état des armes et des munitions utilisées dans les deux camps ? Comme réponses, nous apprenons que le bombardement des édifices se voulait une stratégie élémentaire du fait que les édifices, une fois démolis, ne serviraient plus de moyens de protection contre les tirs Britanniques et que les miliciens devraient ainsi se déplacer et devenir des cibles plus faciles à atteindre. De plus, les soldats britanniques étaient passés maîtres dans les combats de corps-à-corps avec leurs baïonnettes aux canons comme le montre la huitième illustration. Enfin, nous apprenons aussi que les miliciens patriotes ne disposaient pas d’armes militaires comparables à celles des britanniques, ni de munitions suffisantes pour maintenir le feu nourri provoqué par celui des soldats de la gouvernance. 

Dans cette huitième illustration, nous voyons les soldats britanniques « enfourchant » les miliciens patriotes moins nombreux et moins bien équipés que leurs vis-à-vis : autre démonstration qu’ils n’étaient pas de taille à affronter les soldats britanniques.   Les 250 miliciens pouvaient-ils résister à la force de frappe des 400 soldats britanniques ? Comment se terminera ce « carnage » : quel bilan put-on produire ?  La force militaire britannique l’emporta violemment : au bilan, 40 Patriotes perdirent la vie contre une trentaine du côté britannique. Les villages de St-Denis et de St-Charles furent pillés et incendiés. Une autre question pourrait surgir : comment vont réagir tant la gouvernance britannique que celle des Patriotes ?  

Nous apprenons que le 5 décembre 1837, le gouverneur Gosford déclara la loi martiale, abrogeant l’Acte constitutionnel et remettant les pouvoirs au général Colborne qui voulait en finir rapidement avec le mouvement patriote… Mais le mouvement ne semblait pas vouloir s’essouffler comme le montre la neuvième illustration. 

Cette neuvième illustration nous montre l’affrontement qui eut lieu le jour même de la déclaration de la loi martiale : 80 miliciens patriotes postés en différents endroits de Moore’s Corner (St-Armand de nos jours) affrontent un contingent de 300 soldats britanniques. Cette scène nous montre la façon dont les Patriotes s’y prenaient habituellement dans ces combats, soit celle de la guérilla où on évite les batailles rangées. Cachés derrière des arbres ou des édifices, en pierre de préférence, ceux qui possédaient un fusil et des munitions firent feu, mais sans succès. Est-ce que cette stratégie va être profitable aux Patriotes ? Les soldats britanniques vont-ils en finir une fois pour toutes avec ces affrontements ? Encore une fois, la puissance de frappe des Britanniques l’a emporté sur les embuscades des Patriotes. Est-ce la fin pour les Patriotes ?  Est-ce que ces victoires successives des Britanniques sont assez convaincantes pour revenir à l’ordre et aux lois ? Il semble que non, car le général en chef s’active sachant qu’une poche de résistance se trouve au village de St-Eustache et qu’il faille en finir avec ces «  rebelles  » comme il les appelle.  

La dixième illustration montre l’affrontement qui eut lieu à St-Eustache, près de Montréal, le 14 décembre 1837. L’artiste illustre ici la bataille qui fait rage tant au premier plan avec les soldats qui chargent les miliciens patriotes qu’au second plan où l’on voit d’autres miliciens patriotes sauter du haut des fenêtres de l’église en flammes où ils s’étaient réfugiés pour attaquer les soldats britanniques. La scène semble parler d’elle-même : les 1600 soldats britanniques n’eurent pas de mal à prendre le village qui était défendu par 200 miliciens patriotes. Il y eut 70 morts et 118 miliciens faits prisonniers du côté Patriote contre trois morts britanniques. 

Il semble, à la lumière de ces séries de défaites, que ce dernier échec des Patriotes à faire valoir les valeurs qu’ils défendaient mit un terme à leurs revendications et leurs luttes. Est-ce que ce fut le cas ? 

La onzième illustration nous montre des miliciens patriotes armés de pics, de lances, de bâtons et de quelques fusils, ainsi que leur uniforme formé de bonnets bleu ou rouge, de vêtements en étoffes du pays attachés à la taille par des ceintures fléchées, marchant en ordre dispersé. Cette aquarelle est l’œuvre de Jane Ellice, l’épouse du seigneur Ellice de Beauharnois, secrétaire particulier du nouveau gouverneur Lord Durham. Pourquoi Jane Ellice a-t-elle réalisé cette aquarelle ? Quand ?

Nous apprenons qu’après la défaite de St-Eustache, un millier de partisans patriotes s’exilèrent aux États-Unis pour s’y approvisionner en fusils et en munitions afin de venger leurs défaites pour un retour à l’automne 1838.  C’est à Beauharnois que se transporta un affrontement qui permit aux Patriotes de faire prisonnier le seigneur Ellice. Outre Ellice, il y avait son épouse Jane qui a fait cette aquarelle lors de son « emprisonnement » au presbytère de la paroisse. Considérant le type d’armement qu’ils possédaient (fourches, lances et quelques fusils), les miliciens semblaient toutefois déterminés à gagner cette guerre. Ce 5 novembre 1838, les Patriotes savourèrent leur victoire… qui fut de courte durée, car cinq jours plus tard, Colborne arriva avec 1200 soldats pour libérer le seigneur Ellice, son épouse et leurs domestiques. 

Comment va réagir la gouvernance britannique ? Elle aura à affronter à nouveau d’autres escarmouches de la part des Patriotes et à incendier les foyers comptant des miliciens patriotes. Était-ce la fin des affrontements ? Était-ce la fin du mouvement patriote ? Comment seront traités les prisonniers « politiques » ? Comment seront traités les exilés d’Australie, aux États-Unis, aux Bermudes ? Où s’était réfugié Papineau ?   

La douzième illustration nous montre crument le sort réservé à 12 Patriotes qui furent pendus à la prison au Pied-du-Courant pour avoir participé de façon active aux divers affrontements de 1837-1838. Les 1300 partisans patriotes, qui furent faits prisonniers pendant de longs mois, durent leur survie aux œuvres caritatives de religieuses, dont Émilie Gamelin et de la parenté des détenus. Quant aux 58 exilés en Australie, les 8 exilés aux Bermudes et aux centaines d’autres aux États-Unis, ils furent amnistiés par la reine Victoria en 1844 et purent revenir au « pays » y retrouver leur famille et une partie de leurs biens qui n’avaient pas été incendiés par les troupes de Colborne ou pillés par les voisins restés loyaux à la Couronne britannique. Papineau qui s’était exilé aux États-Unis afin de convaincre le Président et les Sénateurs du bien-fondé des revendications et des luttes menées en 1837-1838, dut se rabattre sur la France dont il reçut la même réponse, soit la neutralité dans ce conflit avec la Grande-Bretagne.  Il ne revint au Bas-Canada qu’en 1845, qui était devenu le Canada-Est avec l’Acte d’Union signé en 1840. C’en fut terminé des affrontements armés, et les nouveaux chefs politiques « canadiens » souhaitaient la poursuite des revendications de leurs prédécesseurs, mais selon une autre stratégie, soit celle du parlementarisme. 

2. Les questions à débattre  :

Est-ce que ces affrontements ont été prémédités par la gouvernance britannique ? 

Est-ce que la partie était perdue d’avance pour les Patriotes ? Est-ce que ces revendications et ces luttes ont été vaines de la part des Patriotes ? 

Est-ce que le Parlement de Londres avait compris l’importance des revendications et des luttes des Patriotes de 1837-1838 ? 

Nous avons vu que la jeune reine Victoria amnistia les prisonniers et les exilés en 1844.  En 1848, le Parlement de Londres accorda la principale revendication des Patriotes, soit celle d’un gouvernement responsable où les membres du Conseil Exécutif étaient choisis par les députés élus ! Une loi fut aussi votée en 1848 pour rembourser les pertes subies durant les Troubles de 1837-1838 (sauf pour ceux qui avaient été reconnus coupables d’avoir lutté contre les troupes britanniques). De plus, en 1970, le premier ministre du Canada Pierre-Elliott Trudeau a fait graver sur un monument se trouvant à Sydney en Australie, le message suivant : « Les mesures adoptées par suite des rébellions dans les deux Canada ont marqué des étapes importantes de l’évolution du gouvernement responsable et de la démocratie parlementaire au Canada...  ». Et en novembre 2002, le gouvernement de Bernard Landry a décrété que "dorénavant la journée des Patriotes soit désignée Journée nationale des Patriotes [...] dans le but d'honorer la mémoire des Patriotes qui ont lutté pour la reconnaissance nationale de notre peuple, pour sa liberté politique et pour l'obtention d'un gouvernement démocratique". Ces reconnaissances posthumes illustrent l’importance des engagements citoyens dans l’amélioration des conditions de vie des concitoyens.  

Inutiles les revendications et les luttes menées par les Patriotes de 1837-1838 ?   

L’analyse de ces documents tant ceux d’époque que ceux qui ont été produits à postériori, nous aident à mieux saisir cette partie de l’histoire concentrée sur les années 1837-1838 et qui eurent des rebondissements dans le temps en ce que ces partisans d’un changement de gouvernance ont dans un premier temps été amnistiés, puis reconnus pour leur courage et leur ténacité à faire avancer l’idéal démocratique qu’ils avaient promu dans leurs revendications. Le poids des documents dans la construction des savoirs est non négligeable comme nous le montre ce bref aperçu de ce pan de l’histoire. 

Luc Guay est didacticien de l'histoire.

Cet article est apparu à l'origine dans la revue Enjeux de l’univers social. La revue est publiée par l’Association québécoise pour l’enseignement en univers social (AQEUS).

L’association québécoise pour l’enseignement en univers socialLe lien s'ouvre dans un nouvel onglet est une association qui regroupe au sein du même regroupement autant ceux qui enseignent en univers social (primaire), qu’en histoire, en géographie, en monde contemporain et en éducation financière (secondaire). Elle regroupe autant des enseignants que des conseillers pédagogiques, des enseignants du collégial, des didacticiens universitaires, des retraités et des étudiants universitaires. Elle répond ainsi au vœu d’un grand nombre d’enseignants de retrouver sous la même enseigne les disciplines et les programmes de l’univers social.
 


Notes

1.  Ces illustrations proviennent de la Bibliothèque et archives nationales du Québec, de la Bibliothèque et archives du Ca-nada, du musée national des Beaux-Arts du Québec, du musée McCord, du journal The Montreal Star, de la revue « Le Monde illustré ».

2.   J’aimerais aussi souligner que ces illustrations font partie d’une exposition itinérante qui compte 23 tableaux et qui traitent des revendications et des luttes des Patriotes de 1837-1838 qui espéraient l’obtention d’une gouver-nance démocratique du Bas-Canada. Pour de plus amples informations, n’hésitez pas à me contacter.

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